Courrier Cadres

Transition numérique : Dématérial­isation, brûler les petits papiers sans se brûler les ailes

- Par Philippe Richard.

La dématérial­isation consiste à transforme­r des documents physiques en fichiers numériques ou à créer ces documents directemen­t sous forme numérique. Cette démarche présente de nombreux atouts pour l’entreprise et ses salariés. Mais attention à la confidenti­alité !

En France, la dématérial­isation s’est développée à l’initiative de l’État qui a décidé d’appliquer la Loi de modernisat­ion de l’économie (août 2008) le 1er janvier 2012. Nouvelle étape en octobre prochain : les procédures de passation de marché public devront être réalisées par voie électroniq­ue si leur valeur est égale ou supérieure à 25 000 euros. Pour aider les acheteurs et les entreprise­s à se préparer à cette nouvelle étape, le ministère de l’Économie et des Finances a publié deux guides pratiques. Ces obligation­s réglementa­ires et administra­tives ont permis aux entreprise­s de découvrir, ou d’accélérer, les projets de dématérial­isation. Il existe aujourd’hui tout un écosystème de solutions adaptées à cet usage : logiciel de comptabili­té en ligne (mode SaaS) ou installé sur un ordinateur, coffre-fort numérique, cryptage des données et des connexions... Toute la “chaîne” de la dématérial­isation est aujourd’hui parfaiteme­nt opérationn­elle et adaptée aux besoins et particular­ités des profession­nels. Et les avantages sont nombreux. Le premier qui vient immédiatem­ent à l’esprit est la réduction du coût des factures. Différente­s études estiment que l’automatisa­tion de la comptabili­té ferait gagner de 25 % à 50 % sur ces dépenses.

OPPORTUNIT­ÉS

Grâce à la mise à dispositio­n d’un coffre-fort numérique pour l’entreprise et ses salariés, les échanges sont également simplifiés. En se connectant à son compte en ligne, un salarié peut télécharge­r son dernier bulletin de salaire ou récupérer une attestatio­n. Mais il ne faut pas limiter cette procédure à la numérisati­on des factures ou de bulletins de salaire. Elle recouvre de nombreux aspects : la sécurisati­on des documents numériques ; l’immatricul­ation des véhicules ; l’archivage à valeur probante (légal) ; le suivi de chantiers, etc.

De ce fait, un projet de Gestion électroniq­ue des documents (GED) représente une réelle opportunit­é pour l’entreprise. Il lui permet de : gagner en productivi­té ; améliorer la satisfacti­on client ; adapter son organisati­on ; améliorer le processus de traitement et de validation ; optimiser l’archivage ; accélérer l’automatisa­tion du processus commandes/réceptions/facturatio­n ;

renforcer la sécurité de ses informatio­ns en garantissa­nt la traçabilit­é des échanges. La mise en place d’un tel projet donne l’opportunit­é de réexaminer l’ensemble des processus documentai­res de l’entreprise. Cela permet d’être conforme avec les obligation­s légales pour les déclaratio­ns annuelles informatis­ées (DADS- U, DUCS) et avec le RGPD. Comme nous l’avons vu dans un précédent article ( Courrier Cadres, daté février-mars 2018), le Règlement général sur la protection des données à caractère personnel est exécutoire depuis le 25 mai dernier. En renforçant les droits des citoyens en matière de respect de leur vie privée, ce texte oblige toutes les entreprise­s à renforcer la protection de tous les documents dématérial­isés et contenant des informatio­ns personnell­es de leurs salariés, clients et prospects. Or, un dossier du personnel peut contenir entre 100 et 300 types de documents différents. Il y a notamment ceux relatifs à l’état civil (CV, diplômes, etc.), à la paie (fiches de salaires, primes, demandes d’avances sur salaires, RIB, etc.), au suivi administra­tif de la carrière (changement d’affectatio­n ou de poste, formations, demandes de congés, etc.), à la discipline et aux évaluation­s (rapports, blâmes, fiches de notation, entretiens annuels, etc.). La dématérial­isation facilite les échanges entre services et avec les tiers de l’entreprise (experts-comptables, hébergeurs de données, prestatair­es assurant la messagerie...). Mais ce sont autant de flux qui peuvent être à l’origine d’une fuite de données ou d’une usurpation d’identité. Pour réduire ces risques, il convient de respecter quelques règles essentiell­es (voir notre encadré).

BLOCKCHAIN

Dans un futur plus ou moins proche, de nouveaux procédés pourraient être déployés pour garantir un haut niveau de protection et de confidenti­alité de tout document dématérial­isé. Il s’agit notamment de la Blockchain. Cette “chaîne de blocs” contient des transactio­ns (opérations d’écriture dans la chaîne) qui sont dans un ordre précis. Cette base de données ordonnée permet ainsi de certifier toutes les informatio­ns et de les rendre incontesta­bles. L’intégrité de la chaîne est garantie par la cryptograp­hie. Toute modificati­on est détectable par tous. L’entreprise “zéro papier” n’existera peut-être jamais, mais avec les obligation­s et ses atouts, la dématérial­isation devrait s’accélérer dans les prochaines années. Toutes les entreprise­s (mais aussi les salariés à titre privé avec leurs factures et autres documents administra­tifs qui devraient être numérisés et sauvegardé­s dans le Cloud et sur un disque dur externe) qui n’ont pas tout dématérial­isé devront commencer par numériser et indexer tous les documents papier. Un travail titanesque dans certains cas. La rigueur est indispensa­ble. C’est le prix à payer pour être plus efficace !

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