Destination : Corée du Sud, l’eldorado du tourisme
En 2018, avec l’inauguration des JO de Pyongchang, la Corée du Sud s’est dotée d’un nouveau terminal d’aéroport, relié par une ligne de TGV aux deux principales villes du pays. Elle investit également dans de nouvelles capacités pour muscler sa position sur le marché MICE.
Des jeunes filles en hanbok, robes traditionnelles confectionnées de soieries colorées, déambulent dans le vaste palais de Gyeongbokgung et son merveilleux jardin secret, témoignage édifiant de l’architecture et de la culture coréenne classé à l’Unesco. De l’autre côté de la porte Gwanghwamu, changement de décor : une large avenue bordée d’immeubles peu esthétiques des années 1980, est agitée par des manifestants clairsemés. Ils réclament la paix avec la Corée du Nord à renfort de bougies et de pancartes, l’espoir d’une réconciliation 70 ans après la rupture entre les deux Corées. Ils sont tout proches d’un immense
écran aux couleurs de Samsung, la marque nationale qui a propulsé la Corée du Sud de la tradition à la modernité, tout comme les sociétés LG, Hyundai, Kia and SK qui pilotent l’économie du pays. Un peu plus loin, la jolie rivière Cheonggyecheon s’écoule en contrebas de l’avenue.
SÉOUL, UNE VILLE EN TRANSFORMATION
En réalité, une voie express a été découpée pour faire resurgir un peu de calme et de verdure dans ce centre bétonné. Car Séoul a connu un développement fulgurant dès les années 1980. Sa population cosmopolite et dense de 10 millions d’habitants (20 millions avec l’agglomération) a été nourrie par l’afflux des réfugiés nordcoréens pendant la guerre, puis par l’immigration d’ouvriers de toute l’Asie et de cadres venus d’Occident. Désormais les gratte-ciels comme la Tour Lotte (5e plus haute au monde avec 123 étages) contrastent avec les maisons anciennes en pagodes du Bukchon Hanok Village épargnées par les bombardements. Mais ce tourbillon bâtisseur sans cohésion a créé une ville chaotique, aux problèmes de densité, pollution et d’embouteillages que la municipalité tente de résoudre aujourd’hui. Notamment par l’apparition de transports efficaces comme le métro, ou la Seoullo 7017 (voie d’autoroute transformée en coulée verte piétonne) et le très brooklynien Oil Tank Culture Park inauguré en 2017, où des réservoirs industriels ont été convertis en lieux culturels. Le quartier du shopping de Myeongdong aligne ses néons aguicheurs et enseignes internationales jusqu’à saturation. Mais au-delà des enseignes, ce sont les stands de street food qui attirent les touristes. Là, d’immenses calamars sortis tout droits d’un film de science-fiction se font frire les tentacules par un chef qui ne plaisante pas avec sa lame, tandis qu’un autre grille aux chalumeaux d’énormes noix de Saint-Jacques. Mais le jour tombant, le centre se vide peu à peu au profit de quartiers plus festifs, car le pays du Matin Calme connaît aussi des nuits agitées. Il n’y a qu’à sortir dans les rues d’Itaewon un soir pour voir le soju (vodka locale) couler à profusion. Ce quartier fréquenté historiquement par les GI américains a gardé son ambiance éthylique, mais les looks hipstérisés de la jeunesse séoulite ont remplacé les tenues de camouflage. Les beer & chicken servent généreusement poulets, bières et soju. Des restaurants de barbecue coréen diffusent leurs fumets aguicheurs. On titube gaiment dans la rue, voire
on s’écroule sur le pavé sans choquer personne. Ici, il est même d’usage de se saouler gaiement avec le directeur de sa société, qui replace le lendemain une distance glaciale d’usage entre patron et subordonnés. On en voit surtout à Gangnam, l’autre quartier nocturne réputé pour ses bars et restaurants, mais qui est en réalité le CBD huppé de la ville, le plus branché aussi, avec des galeries d’art. Au coeur de sa forêt de gratte-ciels, le World Trade center abrite le COEX Convention & Exhibition Center, un centre commercial et une bibliothèque immense, au coeur du MICE market. Le Gangnam style est ici plutôt “costume trois pièces” que “danse déchaînée” !
INCHÉON, LA NOUVELLE “SMART CITY”
À 64 km de Séoul, l’aéroport est désormais serti d’une ville tout juste sortie de terre : Incheon. Une coquille encore presque vide (avec tout de même 500 000 habitants) qui ressemble à une maquette géante du haut de sa nouvelle tour Observatory Tower. Contrairement à sa voisine Séoul, ici les parcs ont été mis au centre des préoccupations urbaines. Surnommée la “green smart city”, elle a vu arriver des entreprises notamment la production de biotechnologies, les high tech, l’aviation, l’automobile et la robotique. Elle vient de doubler la surface de son Songdo Convensia Center qui accueille déjà près de 400 conférences et salons internationaux et va ouvrir une quinzaine d’hôtels d’affaires. Avec une population de 3,5 millions de personnes, Busan, le 5e port du monde et siège de l’économie d’import/ export de la Corée est relié à la capitale par la ligne KTX en 2h30. C’est en prime une station balnéaire agréable dotée de bonnes infrastructures pour le marché MICE (Bexco et Busan Cinema Center). Principal port de pêche, le marché aux poissons de la ville est le plus grand du pays. On peut y goûter par exemple le poulpe découpé et mangé vivant qui peut vous étouffer et vous tuer si une ventouse accrocheuse n’est pas bien mâchée. À l’étage, une serveuse se remaquille tandis que la télé retransmet en direct les images du sommet US - Corée du nord. Grâce à cette nouvelle stabilité géopolitique, et une sécurité consolidée depuis peu par l’organisation des JO d’hiver de Pyeongchang, la Corée espère une hausse de l’intérêt de la demande sur le marché MICE. Ahn Youngbae, CEO of the Korea Tourism Organization, conclut : “Avec le sommet intercoréen en avril et le récent succès de la rencontre Corée du Nord-États-Unis, la Corée du Sud se repositionne comme un symbole de la paix dans le monde”.