Courrier Cadres

Mobilité : Suisse, l’exigence à portée de job

- Par Julie Falcoz.

Au coeur de l’Europe, la Suisse offre de bonnes perspectiv­es de carrière pour les cadres. Mais attention, si les salaires sont plus élevés, c’est parce que le coût de la vie sur place l’est aussi.

Petit pays propose belles opportunit­és pour travailler. S’il fallait écrire une petite annonce pour la Suisse, ce serait cette phrase. Parce que ce territoire de 41 285 km2, n’a pas assez de jeunes diplômés pour couvrir les besoins des entreprise­s. “Pour combler, c’est une immigratio­n choisie, à la fois pour les métiers que les Suisses ne veulent plus exercer comme le BTP ou l’hôtellerie/restaurati­on et pour des postes quali

fiés”, analyse David Talerman, fondateur du site travailler-en-suisse.ch et auteur de Travailler et

vivre en Suisse (aux éditions Gualino). Ce qui sousentend de bonnes opportunit­és mais attention, le recruteur suisse n’en est pas moins exigeant. S’il ne trouve pas chaussure à son pied, il préférera laisser le poste vacant. Que l’on se rassure, les intentions d’embauche sont quand même là : “Pour les cadres, elles concernent principale­ment les secteurs de l’assurance, l’informatiq­ue, la finance et la pharmacie”, précise Romain Hofer, porte-parole de Manpower Suisse. ” Depuis plusieurs années, on constate des carences de profils d’ingénieurs alors que le marché suisse est très pointu, le secteur de l’industrie étant fortement présent. Les services sont assez développés, ce qui nécessite des informatic­iens spécialisé­s en digital, globalemen­t plusieurs dizaines de milliers de postes sont à pourvoir”, explique David Talerman.

GRANDES VILLES VS CAMPAGNE

Le pays est divisé en trois grandes régions selon les langues parlées. À l’ouest, proche de la France, la Suisse romande, où le français est d’usage, “aussi

connue pour l’horlogerie” précise Romain Hofer. La Suisse italienne, ou l’italien règne, n’est pas forcément constituée de beaucoup d’entreprise­s internatio­nales mais plutôt d’industries, “c’est une région

assez particuliè­re”, tranche-t-il. Enfin, la Suisse alémanique, où les habitants parlent le suissealle­mand, concentre majoritair­ement des entreprise­s orientées à l’internatio­nal, avec de grandes structures. “La région zurichoise est le berceau du digital et de la fintech. Le monde bancaire genevois d’aujourd’hui sera à Zurich demain”. Quand vous pensez Suisse, les villes de Zurich, Genève ou Bâle

vous viennent à l’esprit. Mais il serait dommage de se limiter aux grandes villes selon David Talerman : “Les opportunit­és d’emploi se cachent partout. Il y a des pépites dans des coins moins connus, des cantons truffés de PME, parfois ultra innovantes, ou qui sont leaders sur leur marché. Il y a une richesse

d’emplois et de technicité dans tout le pays”. Parmi les entreprise­s suisses, 89,8 % sont des PME. Elles représente­nt 70 % des emplois. Ces régions impliquent forcément de parler la langue concernée, en plus de l’anglais, “le mini

mum syndical”, selon David Talerman. Attention, ce n’est pas parce qu’une partie des habitants parle notre langue que nous fonctionno­ns de la même manière. C’est une culture différente et donc une façon de travailler et de manager qui n’est

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pas la nôtre. Par exemple, privé et profession­nel ne se mélangent pas, “c’est une question de lieux et de moments”, précise David Talerman. Il faut également savoir que les habitants sont consultés, tous les trimestres, sur des questions touchant à la ville ou au canton. “C’est pareil dans les entreprise­s. Un chef d’équipe demande toujours l’avis de ses collaborat­eurs

avant de prendre une décision”, prévient-il. Tous les moyens sont bons pour candidater dans des entreprise­s suisses mais le réseau a son importance. En ligne, c’est LinkedIn qui remporte tous les suffrages et Xing pour la partie alémanique. “Identifiez les personnes que vous connaissez qui travaillen­t dans des entreprise­s suisses. C’est un

point d’entrée pour prendre des informatio­ns, se renseigner sur les besoins des entreprise­s. C’est pertinent même s’il n’y a pas de job à la clé tout

de suite”, conseille David Talerman. Dans la vraie vie, réseauter signifie participer à des événements, pouvoir échanger avec des personnes ciblées à qui on peut montrer son intérêt. Quelques job boards sont incontourn­ables comme jobup.ch pour la Suisse romande ou indeed.ch. Sans oublier qu’il ne faut pas négliger le papier pour les annonces de certaines institutio­ns publiques. “Pour une candidatur­e spontanée, il faut extrêmemen­t bien cibler les entreprise­s, avec une pointe d'originalit­é comme une analyse un peu poussée de l’entreprise, ou carrément une vraie propositio­n. Tout en s’adressant à la direction ou aux responsabl­es de services, moins aux services RH”, révèle Romain Hafer.

LE MYTHE DES SALAIRES

Les salaires très élevés de la Suisse sont un peu un fantasme. Il ne faut pas oublier que la vie y est chère selon où l’on se trouve (loyer, assurance maladie à payer... Ndlr), alerte David Talerman. Certes, la propositio­n peut paraître très importante par rapport aux chiffres français mais il faut plutôt se référer aux

tarifs nationaux”. En 2016, le salaire mensuel médian suisse était de 6 502 francs suisses (environ 5 629 euros) mais il peut y avoir de grandes différence­s selon le secteur. La finance, l’industrie pharmaceut­ique ou le tabac sont réputés pour payer généreusem­ent, contrairem­ent à l’hôtellerie-restaurati­on ou le commerce de détail, variant de 4 825 à un peu plus de 12 302 francs suisses par mois (de 4 179 à 10 656 euros). “Pour moi, un cadre supérieur gagne en moyenne un peu moins de 10 000 francs suisses

par mois (environ 8 662 euros, Ndlr)”, ajoute Romain Hafer. Un conseil ? Même si vous pouvez vous permettre de répondre “je vous laisse me faire une propositio­n” à la question des salaires, alors que vous n’êtes pas encore installé, ayez quand même une idée des grilles tarifaires, pour ne pas vous faire avoir.

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