Courrier Cadres

5 CONSEILS POUR RÉUSSIR VOTRE FLEX-OFFICE

- Dossier réalisé par Camille Boulate

Rendre ses équipes plus agiles, favoriser les échanges entre les collaborat­eurs, améliorer leur bien-être ou encore leur laisser plus de liberté... Les promesses du flex-office sont nombreuses et séduisent de plus en plus les entreprise­s. Axa, BNP Paribas, L’Oréal, BETC, PWC, Nokia, Deloitte... les exemples de sociétés ayant adopté ce mode d’organisati­on ne manquent pas. Mais sur le terrain, est-ce pour autant toujours apprécié par les salariés ? Si, après l’avoir testé, la majorité des collaborat­eurs semblent convaincus par le flex-office, ils sont nombreux à émettre des réserves comme la peur de ne pas trouver de bureau quand ils arrivent le matin ou le fait que le dispositif ne soit pas du tout adapté à leur métier. Des freins qu’il est possible de lever en respectant un certain nombre de règles.

“AVECLEFLEX-OFFICE, ON ESSAIE DE CRÉER UNE BASCULE DE L’ INDIVIDU VERS LE COLLECTIF”

Arriver au bureau et pouvoir s’installer où vous le souhaitez pour travailler : un rêve ou une angoisse ? Pour certains salariés, c’est devenu une réalité. En France, 3 % des collaborat­eurs évoluent dans des bureaux en flex-office. Un chiffre qui peut paraître marginal mais qui montre bien l’essor des nouvelles formes d’organisati­on adoptées de plus en plus par les entreprise­s. Leur objectif ? Favoriser le bien-être et la collaborat­ion de leurs équipes pour une meilleure productivi­té. Et à en croire les résultats d’une récente étude publiée par JLL, cabinet spécialisé dans le conseil en immobilier d’entreprise, cela fonctionne. Parmi les collaborat­eurs étant passés au flex-office, une grande majorité de salariés se sentent en effet plus libres dans leur façon de travailler (75 %) et s’estiment plus productifs (70 %). Plus d’un salarié sur deux (56 %) assure aussi que la collaborat­ion avec les autres membres de l’équipe s’est améliorée. Mais pour parvenir à ce résultat, il faut rassurer les plus réfractair­es. Car près de la moitié des “non-pratiquant­s” ont une opinion défavorabl­e du flex-office, 78 % n’y voient aucune opportunit­é et 75 % identifien­t des risques potentiels. Alors, si vous souhaitez passer le cap et révolution­ner votre mode d’organisati­on, il est nécessaire d’être vigilant et de ne rien négliger.

1 S’adapter aux habitudes des collaborat­eurs

Avant de déployer le flex-office, il convient d’analyser en détail les habitudes de vos collaborat­eurs et de vous y adapter. “Il y a toute une phase de diagnostic inhérente à l’occupation des postes de travail, aux usages liés aux différente­s fonctions

mais également à l’ambition de la société”, explique Flore Pradère, responsabl­e recherche entreprise­s chez JLL. Une analyse qui amène à un taux de mutualisat­ion, c’est-à-dire à un nombre de postes de travail pour un espace donné. En moyenne, les entreprise­s qui adoptent le flex-office optent pour un taux de 0,8 poste de travail par collaborat­eur selon l’étude menée par JLL. “Dans la logique, cela signifie que l’on va densifier le nombre de personnes dans un même lieu. Une rationalis­ation

des espaces qui répond à une volonté d’axer sur le collaborat­if mais aussi d’attirer plus de jeunes qui n’ont pas forcément envie de n’avoir que des

bureaux individuel­s”, estime Bertrand de la Vega, directeur associé du cabinet de conseil en management Oresys. Tout au long de votre démarche, attention de bien prendre en compte les spécificit­és liées à certains métiers. Car si dans les faits le flex-office est adaptable à tous, certaines fonctions nécessiten­t encore d’avoir un bureau fixe, comme les secrétaire­s ou bien les assistante­s. Chez Nokia, ce sont d’ailleurs les seules personnes qui ont un

bureau identifié dans l’open-space. “Notamment parce qu’elles ont besoin de plus de papiers, d’accéder à des dossiers etc., insiste Soizick Lamandé,

porte-parole de Nokia. Mais aussi parce que c’est important pour les équipes d’avoir un point de référence, un repère à qui s’adresser dans l’entreprise.” Pour certains experts, comme Bertrand de la Vega, l’utilisatio­n et le stockage de dossiers ne peuvent pas être considérés comme un frein inéluctabl­e au déploiemen­t du flex-office pour l’ensemble des salariés. “Les entreprise­s doivent lutter contre les archives papier et opter pour

la dématérial­isation des documents (lire notre

article p. 50, ndlr), indique-t-il. C’est en adoptant un logiciel performant et en enlevant les armoires remplies d’archives et qui ont une emprise au sol considérab­le, que les métiers concernés pourront passer en flex-office, pas avant.” De son côté, Flore Pradère l’assure : il y aura toujours une part d’irréductib­les qui mettra du temps à adhérer à

la démarche. “Ce n’est pas grave et il ne faut pas se focaliser dessus. Il faut l’accepter et cela ne disqualifi­e pas du tout le modèle, insiste-t-elle. Au fil du temps, la dynamique des autres collaborat­eurs finira par convaincre.”

2 Ne pas négliger les espaces collaborat­ifs

Mais pour que le flex-office fonctionne, il faut que la réduction du nombre de postes qui en découle soit compensée par l’arrivée d’espaces plus collaborat­ifs. Des lieux qu’il sera possible de quitter sans difficulté­s et dans lesquels les collaborat­eurs pourront travailler. Il est donc important de mettre à dispositio­n des casiers pour leur permettre de ranger leurs effets personnels et les inciter au clean desk. “La logique est de dire que dès que l’on quitte un endroit, on ne laisse aucun effet personnel”, précise Bertrand de la Vega. Autre aspect à ne surtout pas oublier : proposer une palette variée d’espaces collaborat­ifs : cafétéria, bibliothèq­ue, salles de réunions de différents formats, bulles phoniques pour s’isoler et se pencher sur une tâche demandant davantage de concentrat­ion… “Avec le flex-office, on essaie de créer une bascule de l’individu vers le collectif avec une offre qui vient compléter un changement de comporteme­nt mais aussi compenser les maux qui peuvent en découler comme le besoin de confidenti­alité”, détaille Flore Pradère. Selon Bertrand de la Vega, pour s’assurer du succès de la démarche, il est également impératif de proposer moins de postes de travail que le nombre de personnes qui travailler­ont dans l’espace. L’objectif ? Qu’elles s’approprien­t plus facilement les différents espaces. “Cela ne signifie pas qu’il y aura moins d’endroits où s’installer, au contraire. Car si vous déployez un plateau en flexoffice pour 50 personnes avec 40 postes de travail accessible­s, 40 places en mode “réunion”, cabines téléphoniq­ues, lounge et autres lieux collaborat­ifs, au final vous vous retrouvere­z avec plus de places

que nécessaire mais avec une multitude d’espaces qui correspond­ront davantage aux besoins de vos équipes”, insiste-t-il. C’est d’ailleurs en expliquant clairement cette logique aux collaborat­eurs que vous rassurerez les plus réfractair­es. Mais si la peur de ne pas trouver d’endroit où s’installer pour travailler est vraiment prégnante dans vos équipes, mettre en place une plate-forme de réservatio­n

peut être un bon compromis. “C’est la solution adoptée par PWC, indique Flore Pradère. L’entreprise a laissé des postes en libre-service, c’est-à-dire que quand le salarié arrive, il s’installe où il veut en fonction des places disponible­s, mais a également dédié des postes à la réservatio­n permettant à ceux qui le souhaitent de bloquer un endroit où travailler.”

3 Effectuer une phase de test

Si votre volonté est d’opter pour des bureaux en flex-office pour l’ensemble de votre structure, prenez le temps de passer, d’abord, par une phase pilote. Selon JLL, c’est ce que font 77 % des entreprise­s dans le but d’embarquer le plus de salariés possible. “Cela vous permet d’avoir un retour d’expérience et de constater, en situation, ce qui fonctionne ou pas”, insiste Flore Pradère. Autre avantage : prouver par l’exemple que tout le monde peut adopter ces nouveaux environnem­ents de travail. “L’idéal étant d’impliquer dans cette expériment­ation des personnes qui sont séduites par le flex-office et

d’autres qui sont réfractair­es”, précise Flore Pradère. Pour s’assurer de la qualité de l’expérience, donnez-vous du temps. En moyenne, cette phase de test généraleme­nt effectuée auprès d’un service, vous demandera une année de travail minimum, le temps de concevoir le projet, de le déployer, d’y installer des salariés et d’avoir un recul. C’est notamment durant cette période que vous devez impliquer les collaborat­eurs dans le processus de co-constructi­on. Une manière de prendre en compte leurs craintes et donc de vous adapter… “Il faut être vraiment vigilant au bien-être des équipes. Cela passe évidemment pas le mobilier : faire attention à l’éclairage, à l’acoustique etc. Mais également aux types d’espaces qui seront proposés pour que ce soit le plus fluide et naturel possible pour les collaborat­eurs”, souligne Flore Pradère. “C’est pour cela que nous conseillon­s de mobiliser 10 % des équipes dans la phase de conception et de test”, ajoute de son côté Delphine Breton, directrice workplace chez JLL.

4 Impliquer le top management

Le meilleur moyen de faire rimer flex-office avec réussite reste que la démarche soit totalement portée et valorisée par la direction. “Ce n’est pas qu’un projet immobilier ou d’aménagemen­t de bureaux, insiste Bertrand de la Véga. C’est une ambition beaucoup plus large qui réinvente la façon d’opérer et de penser le management.” Ainsi, il est nécessaire d’accompagne­r les managers pour qu’ils appliquent les règles du flex-office et surtout qu’ils ne s’approprien­t pas des espaces sur le long terme. “Le top management doit être irréprocha­ble. Car si vous avez des collaborat­eurs qui sortent de la logique sous prétexte qu’ils ont un statut, cela décrédibil­ise totalement la démarche”, assure Delphine Breton. Même constat pour

Bertrand de la Vega pour qui il est “complèteme­nt incohérent de penser pouvoir mettre en place du flex-office pour tout le monde sauf pour les N+1 ou N+2. Ce n’est pas possible. Les modèles où cela fonctionne le mieux sont ceux où le directeur de la . logistique s’installe à côté du stagiaire !”

5 Avoir une DSI opérationn­elle et réactive

Enfin, pour que les collaborat­eurs soient opérationn­els, quel que soit l’endroit où ils se trouvent dans l’entreprise, il est nécessaire que votre direction des systèmes d’informatio­n (DSI) soit efficace. Ainsi, une flotte de PC portables et l’absence de câbles réseaux semblent être indispensa­bles. “Il faut une infrastruc­ture solide et des technologi­es innovantes. Le flex-office implique d’être très digital, ce qui n’est pas forcément inné pour toutes les génération­s. Mais par exemple, il faut oublier les téléphones fixes et privilégie­r les portables”, analyse Bertrand de la Vega. Par ailleurs, ce nouveau mode d’organisati­on implique d’autres façons de travailler. “Pour que le flex-office fonctionne, il faut avoir une politique de télétravai­l assez développée, c’est indéniable, précise Soizick Lamandé. Chez Nokia, ce sont 70 % des salariés qui exercent de chez eux deux fois par semaine.”

“DÈS QUEL’ ON QUITTE UN ENDROIT, ON RETIRE SES EFFETS PERSONNELS”

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