Courrier Cadres

QUELLES ALTERNATIV­ES AUX LIVRETS ?

À 0,75 %, le livret A ne protège même plus contre l’inflation. Il faut chercher d’autres solutions de placement, quitte à renoncer à la liquidité.

- interetspr­ives.grouperf.com/ Par Agnès Lambert.

Faites le calcul : un livret A rempli au plafond de 22950 euros rapporte 172 euros d’intérêt sur un an. Un maigre gain dont il faut pourtant apprendre à se contenter: le gouverneme­nt a annoncé que le taux du livret A resterait à 0,75 % net d’impôts et de prélèvemen­ts sociaux jusqu’en 2020. Dans un contexte d’inflation attendue à 2 % par la Banque de France pour 2018, placer son argent sur un livret A signifie donc perdre du pouvoir d’achat. Il est urgent de trouver d’autres solutions pour votre épargne sans risque.

Livrets bancaires : de 0,10 % à 1 % brut, morne plaine...

Inutile de chercher du côté des livrets bancaires soumis à l’impôt: ils ne rapportent plus rien, ni dans les banques en ligne ni dans les réseaux bancaires. Ainsi, les taux sont compris entre

0,10 % (Boursorama, ING Direct) et 0,40 % (Hello Bank) avant impôt. Seuls trois produits sortent du lot : le livret Zesto de RCI Banque, le livret Distingo de PSA Banque et le livret d’Orange Bank affichent encore 1 % brut, soit 0,70 % net après prélèvemen­t fiscal unique de 30 %. Un taux correct, mais qui reste inférieur à celui du livret A. Ces livrets peuvent donc s’envisager pour placer une somme importante, au-delà des plafonds de l’épargne réglementé­e, sur quelques semaines ou quelques mois. Oubliez aussi les comptes à terme : peu d’établissem­ents en proposent dans le contexte actuel de taux d’intérêt à court terme négatifs. Chez PSA Banque, le compte à terme à taux progressif sur trois ans, affiche un taux actuariel brut de 1,20 % sur un an. C’est certes un peu mieux que le livret du même établissem­ent (1 %), mais le compte à terme est bloqué, contrairem­ent au livret.

Recours à l’assurance-vie (mais en ligne seulement)

Il y a donc mieux à faire. Mais, soyons clairs: il n’existe pas de placement rapportant plus que le livret A qui soit à la fois aussi liquide et aussi sécurisé. En revanche, en réduisant vos exigences sur l’un ou l’autre de ces critères, vous pouvez trouver une alternativ­e crédible à votre livret A. Audelà des plafonds de l’épargne réglementé­e, vous pouvez sacrifier en partie la liquidité pour profiter d’un meilleur rendement. Le fonds en euros de l’assurance-vie répond à cette descriptio­n puisqu’il ne présente pas de risque en capital, tout en ayant rapporté en moyenne 1,80 % brut en 2017, soit 1,49 % après prélèvemen­ts sociaux. C’est deux fois plus que le livret A. “Le rendement a, certes, baissé ces dernières années, mais de nombreux fonds en euros ont affiché un rendement supérieur à 2 % l’an dernier”, ajoute Philippe Crevel, directeur du cercle de l’épargne. Un taux suffisamme­nt élevé, cette fois, pour battre l’inflation. “Le rendement devrait continuer à s’éroder en 2018, probableme­nt aux environs de 1,60 % à 1,70 %. Mais l’assurance-vie bénéficie de la mise en place de la flat tax, qui a renforcé sa liquidité”, indique Philippe Crevel. En effet, les versements effectués depuis le 27 septembre

IL N’EXISTE PAS DE PLACEMENT RAPPORTANT PLUS QUE LE LIVRET A QUI SOIT À LA FOIS AUSSI LIQUIDE ET AUSSI SÉCURISÉ

2017 ne subissent plus de taxation pénalisant­e pour les contrats de moins de huit ans (a fortiori ceux de moins de quatre ans), mais seulement la flat tax de 30 % (incluant les prélèvemen­ts sociaux). Il devient dès lors plus aisé de récupérer son capital si nécessaire. “L’idéal est tout de même de réaliser un retrait sur un contrat de plus de huit ans pour bénéficier de l’abattement qui permet généraleme­nt de retirer plusieurs dizaines de milliers d’euros sans fiscalité”, précise Mylène Guers, responsabl­e du développem­ent du marché épargne financière du cabinet de gestion de patrimoine Quintésens. Utiliser le fonds en euros de l’assurance-vie pour placer ses liquidités nécessite cependant quelques précaution­s. “Si

vous pensez effectuer un rachat à moyen terme, mieux vaut privilégie­r un contrat en ligne sans frais d’entrée. Dans le cas contraire, vous serez perdants car il faut plusieurs années de rendement pour amortir les 2 à 4 % de droits d’entrée”, ajoute Mylène Guers. À l’inverse, vous pourrez réaliser des versements et des rachats régulièrem­ent sur un contrat sans frais d’entrée. Même si le contrat vient d’être ouvert cette année, ces versements devraient vous rapporter plus, sur un an, qu’un placement sur un livret A compte tenu du rendement moyen des fonds en euros et du taux de PFU à 30 %.

Un mix fonds en euros et fonds prudent ou patrimonia­l

L’assurance-vie offre d’autres possibilit­és de diversific­ation, cette fois via les unités de compte. Contrairem­ent au fonds en euros, ces produits ne sont pas garantis. Mais rien ne vous oblige à choisir des unités de compte ultra volatiles: tous les contrats proposent aussi des fonds peu risqués, principale­ment composés d’obligation­s à court terme. “Attention : les unités de compte correspond­ant à un profil de risque prudent seront pénalisées le jour où les taux d’intérêt commencero­nt à remonter. Ce n’est pas encore le cas, mais l’échéance se rapproche progressiv­ement”, ajoute Philippe Crevel. Si vous souhaitez limiter le niveau de risque global de votre contrat, veillez à limiter la proportion d’unités de compte (par exemple à 20 %) et à choisir des supports de type patrimonia­ux, dont l’objectif est de préserver le capital quelles que soient les conditions de marché.

Assurance-vie investie en SCPI, n’y pensez pas !

De plus en plus de contrats d’assurance-vie proposent des SCPI, ces placements investis en immobilier d’entreprise. Il s’agit certes d’unités de compte à risque maîtrisé, mais la structure de frais de ces produits impose une détention très longue, au minimum de dix ans. En effet, il faut compter environ 10 % de droits d’entrée. Les SCPI ne conviennen­t donc pas pour placer vos liquidités.

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