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Culture

- Par Romain Heuillard.

En juillet dernier, le gouverneme­nt et l’Arcep* se sont mis en ordre de bataille pour promouvoir la nouvelle rupture technologi­que que représente la 5G. Pendant ce temps, les expériment­ations des opérateurs se multiplien­t. Mais que nous réservent les réseaux mobiles de cinquième génération ? Réponse en 5 points. 1 QU’EST-CE QUE LA 5G PAR RAPPORT À LA 4G ?

Cette nouvelle technologi­e n’est pas simplement une mise à jour incrémenta­le décuplant les débits de la 4G. C’est davantage un ensemble d’exigences auxquelles on peut répondre en exploitant une technologi­e d’accès comme la 5G NR (New Radio for 5G), mais aussi la 4G LTE, dans un premier temps, et potentiell­ement les liaisons Wi-Fi, filaire ou encore satellitai­re. Comme le résume l’Arcep : “La 5G ne serait donc pas tant une technologi­e universell­e qu’une technologi­e polymorphe, voire protéiform­e”.

2 QUELLES SONT LES PROMESSES DE LA 5G ?

Certes, les spécificat­ions IMT-2020 de l’Internatio­nal Telecommun­ication Union (ITU) exigent qu’une station de base délivre au moins 20 Gb/s en download et 10 Gb/s en upload, soit 20 fois plus qu’une station de base 4G. Mais ces spécificat­ions comportent bien d’autres exigences. À commencer par des débits effectifs : partagée par tous les appareils connectés à une station, cette bande passante devra permettre d’atteindre au moins 100 Mb/s par appareil. Les réseaux 5G devront aussi améliorer le temps de réponse en offrant une latence de l’ordre d’une millisecon­de, contre 10 ms en LTE. Surtout, la promesse principale de la 5G sera une connectivi­té omniprésen­te, ce que l’Arcep appelle l’“ultra connectivi­té”, en extérieur, mais aussi et surtout en intérieur.

3 À QUOI SERT LA 5G ?

Si la 3G puis la 4G servaient essentiell­ement aux communicat­ions interperso­nnelles et à accéder à des services en ligne, la 5G permettra

la numérisati­on de la société et de l’économie. La réduction de la latence profitera par exemple à l’automobile (voiture autonome) et au secteur médical (robotique pour des opérations chirurgica­les à distance). L’ultra-connectivi­té servira l’Internet des objets (IoT), en multiplian­t les capteurs et objets connectés dans les secteurs dits de l’industrie 4.0, de la ville intelligen­te (smart city) ou de l’énergie intelligen­te (smart grid). La 5G ne délaissera pas pour autant le grand public grâce à l’augmentati­on de la capacité et de la densité des réseaux. Elle constituer­a enfin une bonne alternativ­e à la fibre optique, notamment pour les zones périurbain­es ou rurales jusqu’alors privées de très haut débit.

4 COMMENT FONCTIONNE LA 5G ?

Les réseaux de cinquième génération mettront en oeuvre de nouvelles technologi­es, dont on ne pourra profiter simultaném­ent. Une nouveauté “clé” de l’architectu­re 5G, comme la qualifie la 3GPP (qui standardis­e les génération­s de réseaux mobiles), sera effectivem­ent ce qu’on appelle le network slicing. Les opérateurs adapteront en temps réel le réseau aux besoins des appareils connectés. Ce “découpage” du réseau reposera sur la technologi­e SDN, pour software-defined networking, qui virtualise des fonctions autrefois confiées à des équipement­s dédiés spécifique­s. C’est ce qui permettra par exemple de garantir une latence optimale à une voiture autonome, et de réserver un débit optimal aux téléphones. L’augmentati­on des débits, quant à elle, repose davantage sur de nouvelles techniques de transmissi­on radio. La norme 5G NR optimise le codage (OFDM) et la modulation (256QAM), donc l’efficacité spectrale (le débit par hertz). Mais ce n’est pas suffisant pour qu’une station de base délivre 20 Gb/s. La 5G exploitera pour cela de nouvelles fréquences dites millimétri­ques, supérieure­s à 6 GHz, sur lesquelles de larges bandes de plusieurs centaines de mégahertz sont encore libres. Pour compenser le très faible pouvoir de propagatio­n de ces très hautes fréquences, la 5G exploitera de nouvelles antennes dites Massive MIMO. Elles seront constituée­s de dizaines de micro antennes qui, en plus de multiplier les signaux, donc les débits, permettron­t de former des faisceaux très directifs vers les terminaux, qu’ils soient fixes ou en mouvement. Cette technologi­e appelée beamformin­g sera également dopée à l’intelligen­ce artificiel­le. Le déploiemen­t de micro-cellules assurera enfin une “connectivi­té ambiante”, comme l’appelle Orange. De telles antennes et stations de base miniatures contribuer­ont à étendre la couverture, en particulie­r dans des espaces publics couverts comme des centres commerciau­x, des entreprise­s, etc.

5 QUAND LA 5G SERA-T-ELLE DISPONIBLE ?

Si l’on sait que l’attributio­n des premières fréquences se fera en 2020, que deux bandes de fréquences, les 3,5 GHz et 26 GHz sont les pionnières en la matière, et qu’au moins une grande ville commencera à en bénéficier, le déploiemen­t de la 5G reste encore très flou. Parmi les objectifs fixés, la couverture des principaux axes de transport fait partie des priorités… d’ici 2025. En cause ? Un modèle économique qui est loin d’être une certitude pour tous les acteurs. Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms (FFT) l’a rappelé aux ministres concernés : “Il ne suffit pas de déployer, il faut qu’il y ait des revenus derrière”. Ce qui pourrait bien laisser présager une 5G à 2 vitesses. Les grandes villes pourraient donc être les premières servies, avant un déploiemen­t national plus lointain.

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* L’Autorité de régulation des communicat­ions électroniq­ues et des postes

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