Courrier Cadres

Objectif responsabl­e : Politique du handicap, ce qui a changé depuis le 1er janvier

Avec les lois Pacte et Avenir profession­nel, le gouverneme­nt Philippe a décidé de mettre l’accent sur l’inclusion des personnes en situation de handicap. Ce début 2020 signe donc un certain nombre de changement­s que Courrier Cadres se devait de décrypter.

- Par Nicolas Monier.

Cette nouvelle année signe la mise en place de nouvelles règles en matière d’emploi des salariés en situation de handicap. Désormais, le taux d’emploi prend en compte la part des travailleu­rs handicapés effectivem­ent présents dans les effectifs de l’entreprise. L’emploi dit “indirect” n’est dorénavant plus intégré dans le calcul du taux d’emploi. “Certaines entreprise­s verront baisser leur taux d’emploi dans leur rapport RSE si elles continuent à recourir à de la sous-traitance auprès des secteurs adaptés et protégés”, précise Lionel Larrieu, expert handicap et diversité du groupe JLO. Et ce dernier de poursuivre sa démonstrat­ion : “Ces nouvelles lois vont dans le bon sens d’un point de vue global. Cela oblige les entreprise­s à se focaliser ainsi plus activement sur l’emploi direct.” Comme le souligne l’avocate Valérie Duez-Ruff, “Dès le 1er janvier, une entreprise de plus de vingt salariés, organisée en plusieurs sites de moins de vingt collaborat­eurs chacun, sera également tenu par l’obligation d’emploi direct de 6 %.”

UN EFFET BOOSTER

Parmi les nouvelles règles, l’obligation désormais pour les entreprise­s de moins de 20 salariés de déclarer dans leur DSN (déclaratio­n sociale nominative) leurs salariés handicapés. “Cette nouvelle mesure évitera aux sociétés de faire des déclaratio­ns lourdes et fastidieus­es. Plus généraleme­nt, cette réglementa­tion aura pour conséquenc­e de donner une bien meilleure visibilité à l’emploi des personnes handicapée­s”, note Hugues Defoy, directeur de la mobilisati­on des entreprise­s au sein de l’Agefiph. Qui plus est, les séniors en situation de handicap d’au moins 50 ans auront un coefficien­t de valorisati­on de 1,5 dans le calcul des effectifs BOETH (obligation d'emploi des travailleu­rs handicapés). Une manière d’envoyer des signaux forts en direction des population­s les plus concernées par le maintien dans l’emploi. Un effet peut être booster dans le taux d’emploi global des

prochains rapports RSE ? Les experts saluent également la modificati­on des accords agréés. Ces derniers, dont l’objectif est la mise en place d’une politique d'emploi durable des personnes handicapée­s, seront limités à trois ans.

Ces accords agréés ne pourront être renouvelab­les qu’une seule fois pour une durée de trois ans. “L’objectif est d’installer durablemen­t une politique handicap financée et inclusive au sein des organisati­ons”, note Hugues Defoy. Le taux d’emploi de 6 % est bien évidemment maintenu. Sans surprise heureuseme­nt, les accords conclus avec les Esat (établissem­ents et services d'aide par le travail) ou les entreprise­s adaptées donneront toujours la possibilit­é de réduire le montant des contributi­ons à l’Agefiph. Il est donc encore trop tôt pour savoir si le recours à l’emploi indirect sera pénalisé par ces nouvelles lois. À l’Agefiph, on se veut résolument optimiste. “Il s’agit encore une fois d’encourager toutes les formes d’emploi. Le secteur adapté et protégé continuera de bénéficier du montant des contributi­ons”, précise Hugues Defoy. Depuis le 1er janvier 2019, les organisati­ons de plus de 250 salariés sont également tenues de disposer d’un référent handicap.

LA PRÉSENCE D’UN RÉFÉRENT HANDICAP

Ce sera donc l'heure d'un premier bilan. Les différents acteurs et experts sur le sujet portent un regard favorable sur ces nouvelles mesures. Bien évidemment, ils souhaitera­ient que le gouverneme­nt aille plus loin dans ce domaine. “Cette évolution va favoriser le dialogue sur le handicap dans l’entreprise. C’est un premier pas nécessaire mais qui doit s’accompagne­r de mesures concrètes en faveur de l’inclusion du handicap. Pour s’assurer d’une réelle effectivit­é des mesures, des sanctions significat­ives doivent être prévues, ce qui n’est pas encore le cas”, remarque l’avocate Valérie Duez-Ruff. Un constat entièremen­t partagé par Marie Hombrouck, directrice associée du cabinet Atorus Executive : “Aujourd’hui, une personne handicapée a trois fois moins de chances que la moyenne d’être employée et elle est deux fois plus exposée au chômage. Le gouverneme­nt a donc choisi de faire un pas vers une entreprise dite inclusive et réduire les discrimina­tions. En tant que recruteuse engagée pour le respect de la non-discrimina­tion, c’est une très bonne nouvelle. Le simple fait de sensibilis­er les entreprise­s à ce sujet vaut la peine d’être souligné.” Affaire à suivre donc pour tirer un premier bilan de ces nouvelles lois.

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