L’HUMANITAIRE, C’EST POSSIBLE !
pense-t-elle. C’est finalement Handicap International qui lui propose un poste. En Afghanistan, qui plus est : toutes les cases semblent être cochées pour Valérie Docher ! Mais la réalité de sa mission est différente de la vision qu’elle se faisait de l’humanitaire. "J’avais envie d’être davantage sur le terrain, au contact des populations que l’on aidait", explique-t-elle. Elle fait la connaissance en Afghanistan d’une ONG française qui ne travaille que dans ce pays et seulement dans le domaine de la santé, MRCA. Elle prend la décision de la rejoindre. Elle y travaille toujours. "Cela a ouvert mon champ d’action puisque nous intervenons dans des pays en conflit comme le Yémen, auprès des réfugiés syriens mais aussi des Rohingyas", précise-t-elle. Son poste, également, a évolué : elle est devenue secrétaire générale de l’ONG en France et a quitté l’Afghanistan pour piloter les actions depuis l’Hexagone. "Après cinq années passées en Afghanistan, je me suis dit qu’il était préférable de rentrer pour ne pas relâcher ma vigilance. Et je suis heureuse aujourd’hui de travailler pour une plus grosse structure", explique-t-elle. Bien sûr, elle se rend encore régulièrement sur le terrain notamment pour s’assurer sur place que tout se passe bien et que les aspects juridiques ne freinent pas la mise en oeuvre des aides. "Les réponses doivent être urgentes", insiste-t-elle. On peut parler d’une reconversion réussie tant Valérie Docher se sent à sa place dans le milieu humanitaire.
UNE TRANSITION COMPLIQUÉE MAIS HEUREUSE
Bien sûr, cette transition n’a pas été simple tous les jours pour Valérie Docher. Nous avons parlé de la difficulté de trouver un emploi. Elle mentionne également son salaire, divisé par trois. Mais aussi les impacts sur sa vie personnelle, notamment pour voir son fils. "Au fil des années j’ai pu négocier et obtenir d’avoir les vacances scolaires pour rentrer le retrouver", raconte-t-elle. Elle parle aussi de la famille à rassurer lorsque l’on réside dans un pays comme l’Afghanistan. Au niveau du métier en lui-même, Valérie Docher a dû apprendre à rédiger des rapports à destination des donneurs, à justifier les modifications dans les aides mises en place, les retards. Les audits, également, sont moins simples que dans le privé. "Il faut réussir à récupérer un document situé au fin fond d’un pays où la situation est compliquée, où les gens ne savent pas tous lire, où le timing n’est pas le même, etc…", témoigne-t-elle. Elle rapporte aussi les difficultés liées au fonctionnement de certains États, et notamment à la corruption. Mais elle est heureuse et fière des programmes qu’elle a contribué à mettre en place : formation au métier d’infirmière de jeunes filles venant de villages isolés en Afghanistan, installation de crèches dans des camps de réfugiés en Jordanie pour permettre aux jeunes mères de retourner à l’école et d’obtenir un diplôme, fabrication de prothèses en Turquie à destination de réfugiés syriens. "Ce que nous apportons a un impact certes limité mais quand même important sur la vie des gens ", résume-t-elle.
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