TENDANCE : FLOTTES, LA REVANCHE DE L’AUTOMOBILE
Critiqué pour sa masse ou sa consommation, le SUV fait de la résistance, porté par un succès commercial qui ne se dément pas. Comme pour répondre à ses contempteurs, il accomplit de nouvelles transformations. Plus électrifié que jamais, il se rapproche des berlines pour diminuer encore son empreinte écologique.
Il est rare qu’un type d’automobile provoque un débat politique. C’est pourtant bien le cas du SUV, directement visé par l’une des propositions de la Convention Citoyenne pour le climat, qui prévoit de taxer les véhicules dont la masse est supérieure à 1 300 kg (1 600 kg pour les hybrides rechargeables et électriques). Une disposition retenue par le président de la République le 29 juin dernier, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle va à l’encontre des tendances du marché. Au premier semestre 2020, trois modèles surélevés caracolaient encore dans le Top 10 des ventes flottes : l’inébranlable Peugeot 3008 en troisième place, le Renault Kadjar à la huitième et le Peugeot 2008 en dixième position. Pourvoyeur de marges généreuses pour les constructeurs, plébiscité par la clientèle, le SUV doit inexorablement muter pour survivre sur le marché européen, le plus exigeant en matière de consommation et d’émissions. Les constructeurs sont bien conscients de la contradiction entre le concept du SUV, plus haut, plus lourd et moins aérodynamique et les impéra
tifs écologiques. L’une de leurs réponses consiste justement à les rapprocher des berlines classiques sans perdre leur spécificité esthétique, première motivation d’achat. C’est tout l’objet de la dernière Citroën C4, dont la commercialisation intervient cet automne. Surélevée grâce à ses grandes roues, dotée d’une ligne fuyante de coupé, elle conserve un aspect baroudeur mais s’avère plus basse, plus légère et plus aérodynamique que les SUV comparables. De quoi diminuer sa consommation et augmenter nettement l’autonomie de sa version électrique : elle revendique 350 km contre 320 km pour le SUV urbain Peugeot e-2008 basé sur la même plate-forme. Elle sera bien entendu proposée avec des motorisations thermiques classiques, essence et Diesel. Même constat du côté de chez Opel, qui remplace son SUV urbain Mokka X par un modèle plus petit, plus bas, plus léger de 120 kg. Là encore, il s’agit de faire passer ce changement de philosophie grâce à un style audacieux et séduisant, à l’extérieur comme à l’intérieur.
L’ÉLECTRIFICATION À MARCHE FORCÉE
Dans une perspective plus haut de gamme, l’espagnol Cupra, division de la marque Seat, tente une démarche similaire avec le Formentor. Son esthétique sportive lui permet de justifier une ligne plus basse, et d’améliorer son aérodynamique. Moins gourmand en carburant, le SUV de demain se convertit surtout à la fée électricité. C’est particulièrement le cas du côté des constructeurs de luxe, qui dégainent tour à tour leurs modèles 100 % électriques. BMW vient ainsi de présenter son iX3, très proche du X3 thermique. Un petit événement car la marque allemande avait marqué une longue pause dans ce domaine après le demi échec de sa citadine i3. Fort d’une autonomie de 458 km, il sera mû par un moteur de 286 ch entraînantexclusivement les roues arrière. Il annonce également un temps de recharge particulièrement court grâce à sa technologie de batterie 400 volts. Elle pourra retrouver 80 % de sa capacité en 34 minutes sur les bornes de recharge les plus performantes. Le grand événement de l’année est cependant le lancement de la Tesla Model Y, basé sur la Model 3, qui est devenue la berline familiale la plus vendue de France au premier semestre, une première pour une électrique. Offrant sept places, Le Model Y est déjà commercialisé en version Grande Autonomie et Performance. La première revendique 505 km de rayon d’action contre 480 km pour la deuxième, qui se caractérise par des accélérations éclair. Contrairement à la Model 3, ce modèle va trouver sur son chemin de nombreux concurrents, à commencer par le Nissan Ariya dévoilé en juillet. Ce modèle étrenne une nouvelle plate-forme électrique qui sera également utilisée par Renault et se décline en deux et quatre roues motrices de 218 à 394 ch pour une autonomie de 340 km à 500 km. Electrifié, affiné, moins énergivore, le SUV du futur s’annonce plus adapté aux besoins des entreprises. Autant dire qu’il n’est pas près de disparaître des palmarès de vente. ■