Courrier Cadres

LES INÉGALITÉS HOMMESFEMM­ES STAGNENT

L’index de l’égalité profession­nelle femme/homme a permis de créer une dynamique positive en faveur du salaire des femmes. Mais les écarts stagnent.

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Outil mis en place graduellem­ent depuis mars 2019 au sein des entreprise­s de plus de 50 salariés, l’index de l’égalité profession­nelle femme/ homme comporte un volet dédié à l’écart de rémunérati­on. Une initiative gouverneme­ntale qui, selon Nathalie Berthelot-Briday, vice-présidente du club Oras, a permis aux entreprise­s d’agir sur les différence­s salariales entre les hommes et les femmes. "Les entreprise­s ont commencé à mettre en place des plans d’action pour améliorer leur note. Cela crée une bonne dynamique collective", observe-t-elle. Mais les effets ne semblent pas encore se faire réellement ressentir : dans son étude rémunérati­ons individuel­les 2020, Deloitte souligne que l’écart salarial entre les femmes et les hommes chez les cadres stagne à 4,3 % en moyenne. "Aucun budget spécifique de rattrapage n’est prévu", constate Franck Chéron, associé conseil capital humain chez Deloitte.

Ces écarts salariaux peuvent s’expliquer de différente­s façons. "À l’embauche, nous ne ressentons pas cette différence : c’est donc après que cela se passe. Les femmes négocient peut-être moins bien leur salaire ou sont davantage fidèles à leur entreprise ; or c’est en changeant d’entreprise que l’on augmente plus fortement son salaire", avance Frédéric Benay, directeur général chez PageGroup. Khalil Ait-Mouloud, responsabl­e de l’activité Enquêtes de Rémunérati­on au sein de Gras Savoye

Willis Towers Watson, voit une autre explicatio­n : les femmes occupent des postes moins rémunérate­urs, dans les ressources humaines et le marketing, à la différence des hommes qui travaillen­t dans la finance ou la stratégie. "La principale problémati­que est l’accès des femmes à des postes à responsabi­lité. Mais cela demande des changement­s plus structurel­s qui exigent plus de temps", pointe-t-il. En effet, comme le souligne l’étude de Deloitte, le plafond de verre est toujours présent, les postes de direction étant peu occupés par des femmes. Il faut aussi comprendre pourquoi cela a lieu, afin de mettre fin aux mauvaises pratiques. "Il faut étudier les parcours des salariés de manière fine pour comprendre quand et pourquoi les écarts se sont creusés. Cela demande du temps", indique Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. Du temps que les entreprise­s n’ont pas en ce moment : Pierre Lamblin craint d’ailleurs que la crise actuelle fasse reprendre aux entreprise­s leurs mauvaises habitudes en matière d’écarts de salaires. ■

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