Champion du monde

Lilian Bérillon, pépiniériste reconnu, lance un pavé dans la mare en cosignant avec Laure Gasparotto, en février dernier, aux éditions Grasset, l’ouvrage intitulé Le jour où il n’y aura plus de vin. Le document fait un état alarmiste du vignoble français, malmené par des années de productivisme et de laisser-aller. Jusqu’à ce qu’ils prennent conscience du problème - il y a une petite vingtaine d’année -, les vignerons se sont plus préoccupés de produire en masse, en réduisant les coûts, délaissant l’huile de coude pour la poudre de perlimpinpin. L’industrie chimique en plein développement a fourni à une agriculture inféodée de quoi éradiquer maladies et insectes, tout en nourrissant la vigne arti ciellement… Mais voilà, le modèle ne fonctionne plus ! Des études ont mis en évidence la dangerosité des produits utilisés et les médias se relaient pour expliquer la nuisibilité des produits phytosanitaires. Plus personne n’en veut. À l’heure du « sans gluten », « sans sucre », « sans farine », « sans sourire »… De plus en plus d’entre nous font attention à ce qu’ils mettent dans leur assiette et leur verre.

Au moment où nous fêtons le 25e numéro « spécial vin » de Cuisine et Vins de France, qui fut en 1994 le premier de son genre, il était temps de commettre un état des lieux de ce que nous offrent à boire nos vignerons en 2018. Et pour peu que l’on s’y penche plus près, force est de constater que le vignoble est à la bascule : l’ancien modèle perd du terrain au pro t d’une viticulture plus propre nous permettant d’envisager avec optimisme l’avenir du vin français qui, comme le ballon rond – autre erté nationale –, reste tout de même un champion du monde.

© Jean Luc Barde.