BALADE GOURMANDE
Le bassin d’Arcachon, un bout du monde face à l’océan
Un bassin légendaire, gourmand, fugueur, moins connu qu’il n’y paraît… C’est Arcachon, si divers entre Le Moulleau et Le Cap-Ferret.
Parcs à huîtres, île aux Oiseaux, eau polynésienne : le bassin d’Arcachon, cette mer intérieure, possède sa magie propre et ses trésors: banc d’Arguin, dune du Pilat, parc du Teich. Deux frères, les Pereire, banquiers du second Empire, ont élevé une ville à la gloire des vacanciers de toutes les saisons. Il est de bon ton de séparer ici“la ville d’été”– le port, le centre, le front de mer, son aquarium, le château Deganne devenu casino – de“la ville d’hiver”, avec son parc vallonné, ses arbres, ses demeures coloniales: villas Trocadéro, Faust – où passe le souvenir de Gounod –, villaToledo, allée du Moulin-Rouge, ou Sémiramis, sur sa colline, comme un beau vestige. Mais ce serait oublier Le Moulleau, plus cosy, plus discret surtout, avec ses élégances d’un autre temps. Et Le Pyla-sur-Mer, ses allées chics, ses vingt-six kilomètres de plage, sa montagne de sable longue de trois kilomètres, large et haute de cinq cents mètres, la plus haute d’Europe.
Un bout du monde
La recette pour connaître Arcachon ?Tenter l’escalade de la dune du Pilat, qui fait ressembler ce joli bassin girondin au grand Sud marocain. Dériver sur l’île aux Oiseaux. Se risquer au banc d’Arguin. Prendre le bateau pour Le Cap-Ferret. S’y perdre. Manger des huîtres. Se tenir bravement sur le front de mer, même lorsqu’il vente.
Mais le bonheur est ailleurs. Au Moulleau, à fleur d’eau. Au parc Pereire, sur les hauteurs. Au Pyla, à la plage. Sur les bords du bassin, dans les villages de pêcheurs, accostent les“pinasses”, les bateaux locaux. Gujan-Mestras,Teich et son parc ornithologique, ses parcs à huîtres… Et puis, bien sûr, Le Cap-Ferret, avec ses maisons colorées, ses minibourgs au long de sa presqu’île qui lui donne couleur, charme et identité. Les Jacquets, où Philippe Starck a installé sa demeure sémaphore, Le Canon, avec son église mauresque, seul vestige d’une magnifique villa algérienne, L’Herbe encore, avec ses cabanes aux chromatismes appuyés, ses balcons coloniaux, ses chemins traversés de rails destinés à remonter les bateaux. Pour faire bonne mesure, il y a encore La Vigne et Grand
Piquey, Piraillan et Bélisaire. Tous forment une unique et vaste commune, Lège-Cap-Ferret, dont le tracé court entre le bassin lui-même et le grand océan.
L’Atlantique est à deux pas. Les hameaux et leurs demeures lui tournent le dos comme un pied de nez. Face au banc d’Arguin gîtent les deux maisons sur de hauts pilotis qu’on nomme ici cabanes tchanquées, tchanca signifiant “sur des échasses” en gascon. Face à Arcachon-ville, séparée par la terre d’Andernos et Arès, Certes et Audenge, leTeich et Gujan-Mestras, s’étend la presqu’île du Cap-Ferret. Les maisons basses, le phare rouge et blanc, les lieux branchés, les restaurants jardins, les bars bateaux, le Pinasse café… c’est Key West, au large de Miami Beach.
Lorsque le ciel se met de la partie, que les bancs de sable sont rejetés vers le bord, que les bateaux partent en mer, Le Cap-Ferret ressemble à un îlot des Caraïbes, qui lorgne sur Arcachon, sa plage familiale, Le Moulleau, Le Pyla-sur-Mer. L’ensemble forme, pour toutes les saisons, un bout du monde très civilisé.