Cuisine et Vins de France

Le b.a.-ba du vin Le millésime 2015

C’est avéré, au vu des premières dégustatio­ns tous vignobles confondus, l’année 2015 est une grande année, mais…

- Texte : Karine Valentin

Quels sont les marqueurs du millésime 2015 ?

Pour qu’une année soit grande, il faut la réunion d’un ensemble de facteurs intimement liés créant un équilibre entre l’acidité, l’alcool, le fruit et les tanins. Un raisin pas mûr donne un vin sec, une acidité marquée et de la verdeur.À l’inverse,un fruit trop mûr alourdit le vin. Pour 2015, il ne faudra pas confondre lourdeur et concentrat­ion, mais savoir reconnaîtr­e l’acidité naturelle d’un vin, marqueur de longévité.À ce titre,la date de la vendange était cruciale. Or, à cause du réchauffem­ent climatique,on s’aperçoit que la fenêtre pour déclencher les vendanges se restreint,l’acidité peut vite tomber.Les raisins vendangés plus tôt dans les zones les plus chaudes ont conservé leur acidité.Dans les zones septentrio­nales,le millésime sur le papier manquait d’acidité mais à la dégustatio­n,il possède une certaine fraîcheur.

Qu’est-ce qu’un grand millésime ?

L’avenir d’une bouteille n’est pas uniquement liée aux caractéris­tiques du sol.Il dépend des conditions atmosphéri­ques, de la températur­e, de l’ensoleille­ment et des maladies dont l’influence est avant tout liée au travail du vigneron. Les contrainte­s naturelles ont moins de prise sur la récolte d’un vigneron dont les sols sont travaillés en relation avec le climat et dont la cave est irréprocha­ble de propreté.La logique induit donc que l’on profite des mauvais millésimes chez les meilleurs vignerons. De même,l’usage veut désormais qu’un bon millésime s’apprécie jeune et soit apte à vieillir 10, 15 ou 20 ans. Pourtant

un 2015 qui se goûtait déjà trop bien au début de l’année pourrait faire douter de sa longévité. Quelles sont les variations régionales ?

Dans toutes les régions,les vins les mieux réussis ont été vendangés tôt, la nuit.

Dans le Sud, le carignan,par exemple, a moins souffert de la sécheresse; les pieds souvent vieux sont profondéme­nt enracinés dans le sol pour pomper la fraîcheur. Idem pour les vins issus de vignobles bios aux sols travaillés, plus résistants aux fortes chaleurs.

En Champagne, 2015 sera un des plus grands crus, plutôt sur la richesse que sur la tension.Les rosés de Provence présentent de beaux équilibres entre le gras et l’acidité.Les rouges des zones granitique­s comme le Beaujolais sont juteux,croquants et restent frais. Les rouges sous influence océanique, ou produits sur des vignobles d’altitude, restent vifs, exposant un fruit radieux et des tanins moelleux. Sauf incidents climatique­s,on aura de grands vins blancs un peu partout en France. Enfin, sur les quantités, même si toutes les régions n’ont pas fait le plein,il y aura plus de vin en 2015 que lors des années précédente­s.

Quels millésimes boire avant le 2015 ?

L’arrivée du p’tit dernier donne l’occasion de passer en revue les dix derniers millésimes. Pas toujours en bouteilles, 2014 est au-dessus de la moyenne mais pas exceptionn­el. À garder, il est à mettre au niveau de

2012 (moins concentré),notre coup de coeur du moment. Faire l’impasse sur 2013, très médiocre à Bordeaux, ne serait pas sympa. Il ne faut pas payer ce cru cher ou bien l’acheter dans le sud de la France où il est très bon,comme l’était 2011. En revanche, le sublime 2010 doit encore séjourner en cave,son équilibre est parfait. Mieux que 2009, plus lourd, et 2008, plus mince. 2007, lui,devrait être bu.Le millésime 2006 se révèle superbe en ce moment,surtout à Bordeaux.Toutefois,il n’égale pas l’exceptionn­el 2005 qui peut encore se conserver facilement plusieurs années. Une vraie pépite !

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