Cuisine et Vins de France

Échappée belle à Lisbonne

La richesse historique du Portugal se lit dans ses monuments, la diversité gastronomi­que dans ses marchés et producteur­s locaux, dans ses traditions de conserveri­e, fromages et vins.

- Reportage : Karine Valentin - photos : Jean-Luc barde

Le Portugal, pays trop petit pour porter ses rêves, est allé les déposer ailleurs pour recevoir en retour un métissage de culture, et cela dure depuis des siècles. Et, un jour, l’on se retrouve au coeur de Lisbonne, sentinelle miroitante des eaux du Tage à la proue de l’Europe, sur la place centrale au Can the Can (photo 9) où le chef Akis Konstantin­idis cuisine les meilleurs produits sous influence européenne. Passé la terrasse bondée, la boutique offre un choix de conserves originales, différente­s de celles que l’on déniche à la Conserveir­a de Lisboa. Un peu plus loin, à l’échoppe de Ginjinha (2), on déguste pour un euro une liqueur aigrelette à base de griotte en respirant les effluves de morue des ruelles du centre… Mais quelle est cette mélopée ? Un air de fado...

Porto et la vallée du Douro sont trop loin de Lisboa pour notre court séjour : la banlieue ouest de la capitale portugaise recèle un autre trésor viticole. À Oerias (1), le vin historique de Carcavelos reprend la mesure de son terroir posé au centre de la ville entourant l’ancien palais d’été du marquis de Pombal, Premier ministre portugais, homme d’État influent. Le marquis, héros du terrible séisme de 1755, laissa son nom à la postérité, en dessinant la région de Porto. Sa ville produit un vin fortifié par mutage sur jus, cousin du porto, l’un des vins les plus insolites au monde. Le vin du renouveau…

Nourri de ce vin doux et rempli de la luz de Lisbonne, l’étape suivante est à Azeitão. Victor Fernandes et sa famille élèvent 250 moutons, quelques chevaux portugais et produisent artisanale­ment le queijo de Azeitão, dont le ferment est une plante de la montagne (11 et 12). Seule appellatio­n fromagère portugaise… Puis retour aux fondamenta­ux à Vila Fresca de Azeitão (3 et 7) sur les traces de la reine Catarina, l’épouse de Charles II, qui fit rayonner les délices portugaise­s à travers le monde et possédait le palais de Bacalhôa, bijou dont les murs transpiren­t de l’histoire du Portugal et dont les jardins expirent la fraîcheur de sources souterrain­es. Le palais de la famille royale est l’une des nombreuses curiosités de Bacalhôa, deuxième producteur de vins du Portugal. Une visite s’impose…

Le passé surgit encore et toujours au domaine José Maria da Fonseca (8) qui produit du vin depuis 1834. Spécialist­e du moscatel, un vin blanc mûté, issu du muscat d’Alexandrie vieilli jusqu’à 30 ans dans les fûts de la cave. Il est le troisième vin doux naturel portugais, après le porto et le madère. Il faudra compter 650 € pour un moscatel superior de 1955, mais le domaine produit aussi le paquita, vin rouge qui abreuve tout le Portugal et ne vaut que 3,95 €. Le grand écart …

Outre le vin, l’autre richesse de la côte portugaise, c’est la pêche. Le marché de Setúbal, quatrième ville du Portugal sur la route de l’Algarve vaut pour les superbes azulejos (4) de ses murs et ses étals de poissons frais (5) : Livramento est le plus grand marché du Portugal.

Enfin, notre escapade se termine à Sesimbra (6 et 10), station balnéaire au bord de l’océan, et premier port pour la pêche. Les pêcheurs vendent à la criée les robalo (loup)et carapau (chinchard) que l’on goûtera ce soir au Ribamar ou à La Padaria. Sur la table, l’huile d’olive et le fromage de brebis en signe d’accueil nous font patienter les palourdes au persil et à l’ail. Le blanc sent la mer et la pâtisserie se déguste avec un moscatel de Setúbal. C’était en novembre, nous dînions en terrasse…

 ??  ?? La citadelle de Sesimbra qui s’avance sur la plage de sable.
La citadelle de Sesimbra qui s’avance sur la plage de sable.
 ??  ?? 10 11 12
10 11 12

Newspapers in French

Newspapers from France