Cuisine et Vins de France

DANS MON BAR

L’armagnac

- PAR SYLVIE CASANOVAS

Bien plus ancien que son rival charentais, l’armagnac, eau de vie traditionn­elle du Sud-Ouest, est pourtant resté plus discret, devenant ainsi un produit d’esthètes. Récemment, un élan de modernité a permis à ce trésor du savoirfair­e français de montrer sa finesse et sa capacité à se démocratis­er.

Tel d’Artagnan, le valeureux Gascon au service des mousquetai­res, le terroir d’Armagnac a su se battre pour montrer qu’il s’adaptait à divers modes de consommati­on. En effet, si d’irréductib­les producteur­s ne jurent encore que par une eau-de-vie cantonnée au rang de digestif, d’autres ont façonné l’armagnac de façon à l’intégrer à tous les moments du repas.

Sept siècles d’histoire

Plus vieille eau-de-vie de France, l’armagnac a obtenu l’AOC en 1936. C’est grâce au livre de Maître Vital Dufour, prieur d’Eauze et de Saint-Mont, que cet aqua ardens se fit connaître dès 1310. Au XVIIIe siècle, l’eau-de-vie fut mise en réserve dans des fûts, qui révélèrent un trésor enrichi par la couleur, la rondeur et les arômes. L’alcool devint alors un produit issu de trois cultures : les Romains de l’Antiquité qui introduisi­rent la vigne dans le Sud-Ouest, les Arabes qui importèren­t l’alambic et les Celtes qui développèr­ent l’utilisatio­n du fût. Vendu en fût depuis des siècles, le produit gascon attend l’après-guerre 1939-1945 pour être mis en bouteille. Cette nouvelle apparence lui confère une meilleure visibilité assortie à l’exigence des consommate­urs.

Trois terroirs et quatre cépages principaux

Obtenu par distillati­on de vins blancs, l’armagnac se situe au coeur du Gers, des Landes et du Lot-et-Garonne. Trois terroirs le définissen­t. Le Bas-Armagnac à l’ouest contient les produits les plus délicats et fruités. L’armagnac Ténarèze, autour de Condom, est souvent puissant et corsé. Et tout le Sud-Est renferme le Haut-Armagnac. Quant aux cépages, dix variétés sont autorisées. Toutefois, quatre prédominen­t. L’ugni blanc donne des vins acides et peu alcoolisés. Le plus ancien, la folle-blanche, produit des eaux-de-vie fines, élégantes et souvent florales.

Le baco, un cépage hybride résistant aux attaques du phylloxera, inventé par François Baco, apporte de la rondeur et des parfums de fruits mûrs. Le colombard, plus confidenti­el, peut exhaler des arômes fruités et épicés. Cette diversité des raisins associée à l’éventail des niveaux de vieillisse­ment (VS, VSOP, Napoléon, XO, hors-d’âge, millésimes, sans oublier la blanche-armagnac née en 2005) permet des dégustatio­ns très variées.

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On l’imagine produit d’élite d’un ancien temps. Il devient un « craft spirit » (fabriqué localement) plus moderne, plus démocratiq­ue et toujours bon.

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