EN COULISSES
À l’Épi d’or à Paris
On a plus souvent vu son célèbre époux qu’elle sur le devant de la scène. L’émission Top chef l’a fait connaître au grand public et son talent de cuisinier couronné de deux étoiles qui valent trois l’ont rendu célèbre auprès des télespectateurs gourmands. Élodie, elle, a toujours été plus dans les coulisses. Elle méritait pourtant qu’on l’invite dans notre rubrique bien nommée pour la découvrir mieux.
Elle nous reçoit, assise devant une immense bibliothèque garnie d’ouvrages culinaires que son mari alimente sans cesse au gré de ses coups de coeur. À même pas 40 ans, Élodie a pourtant parcouru du chemin depuis ses vingt dernières années. Ne vous fiez pas à son apparence, si sa silhouette fine et sa taille la font paraître fragile, elle possède une détermination et une volonté que l’on devine dans ses yeux qui vous regardent sans ciller.
Lorsque les hasards font bien les choses
Rien ne destinait la jeune femme à évoluer dans le monde de la gastronomie. Ses parents d’origine portugaise ont quitté leur pays. Elle est née à
Tarbes, a vécu à Metz, puis à Toulouse.Après son bac, elle file à Barcelone, plus pour faire la fête qu’étudier. L’année suivante, son père l’envoie en Écosse, destination moins festive à son goût. Elle adore, elle apprend l’autonomie, le sens du travail et le golf… Avec l’assurance des audacieux, elle envoie son curriculum vitae aux trois palaces de Cannes. Elle a 22 ans et reste trois ans au Martinez. Elle apprend tout sur le tas, puis arrive au mythique hôtel De Crillon à Paris. À 25 ans elle découvre la capitale. Pas de mentor, ni de réseau, elle fait son maximum et on lui en demande beaucoup, mais elle reconnaît que c’est sa plus belle expérience professionnelle. Sans doute aussi personnelle, puisque c’est là qu’elle rencontre Jean-François. Sans présumer, c’est peut-être aussi deux caractères forts qui avaient encore tout à prouver qui se rencontrent à ce moment-là. Ils sont faits pour l’aventure et l’entreprenariat et ont furieusement envie de faire quelque chose qui leur ressemble. Leur premier bébé voit le jour en 2014 et est porte le nom de Clover. Amoureuse de la culture anglosaxonne, elle a voulu ce prénom anglais, comme un trèfle bienveillant sur ce « nouveau-né ».Aujourd’hui, ils sont à la tête de quatre restaurants avec des ADN très définis. Clover green, Clover grill, le Grand Restaurant et la Poule au pot pour lequel ils ont investi de nombreuses heures de chine pour trouver les 400 pièces d’argenterie, de travail, de passion pour recréer la quintessence de la cuisine bourgeoise.
Le dernier né, À L’Épi d’or, est arrivé à eux sans prévenir. Ils n’ont pas pu résister au clin d’oeil que leur faisait ce bistro fondé en 1878 et géré par des femmes depuis le début.Et,comme toujours,ils respectent l’ADN du lieu : cet Épi d’or aura une femme en cuisine, une femme en salle sous le regard attentif d’Élodie, qui a plus envie de partager l’affiche cette fois-ci. L’idée est de garder l’endroit dans son « jus ». La cuisine servie est faite de produits frais et de recettes traditionnelles, moins une cuisine bourgeoise que populaire. Un semainier de menus rythmera la carte dans un esprit pension de famille. Pâté en croûte, steak tartare, hachis parmentier, raviole d’épinard, riz au lait à la cannelle, pudding… des plats du quotidien qu’on rêverait de déguster chez soi.
Il y aura sûrement encore d’autres aventures, mais Élodie sait déjà qu’aujourd’hui, si elle devait recommencer, elle ne changerait rien. Chaque étape a été sa construction, et elle est désormais à sa place comme une évidence.