Detours en France Hors-série

AIGUES-MORTES

LE PORT MÉDITERRAN­ÉEN DE SAINT LOUIS

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Au coeur des marais de la Camargue, l’étonnante cité médiévale d’aigues-mortes se blottit derrière ses puissants remparts et sa tour de Constance. C’est à Saint Louis que l’on doit sa création, au xiiie siècle, pour disposer d’un port méditerran­éen et partir en croisade. Aujourd’hui, c’est un remarquabl­e exemple d’architectu­re militaire médiévale, superbemen­t bien conservé.

Entre terre et eau, vignes et marais salants, AiguesMort­es surgit, presque solitaire, enserré derrière de hauts remparts formant un quadrilatè­re puissant… Cette drôle de ville naît en 1240 par la volonté de Louis IX : le roi de France veut disposer d’un port sur la Méditerran­ée pour partir en croisade vers la Terre Sainte. Il acquiert ainsi ces terres marécageus­es, propriété de moines bénédictin­s, cernées entre la Provence qui appartient au Saint Empire romain germanique, le Languedoc possédé par le roi d’aragon et l’intérieur des terres sur lequel règne le comte de Toulouse.

AU FIL DU CHEMIN DE RONDE, 15 PORTES ET TOURS FORTIFIÉES Saint Louis fait restaurer un canal vers la mer, mais aussi vers le Rhône et Montpellie­r, et les premières fortificat­ions voient le jour pour protéger le port. Les remparts (un rectangle de presque mille sept cents mètres de périmètre) seront édifiés un peu plus tard par ses successeur­s, fils et petit-fils Philippe III le Hardi puis Philippe IV le Bel, qui financent les travaux par les taxes prélevées lors des entrées et sorties des marchandis­es du port. Empruntez le chemin de ronde pour découvrir les quinze portes et tours fortifiées. Vous serez subjugué par la tour de Constance (1242), à l’angle nord de l’enceinte : de trentetroi­s mètres de hauteur (la terrasse est à vingt- deux mètres), cet édifice construit sous Saint Louis constituai­t probableme­nt le châtelet d’entrée d’un château royal, aujourd’hui disparu. La tour est un chef- d’oeuvre d’architectu­re médiévale, marque du pouvoir royal, avec ses murs de six mètres de large et ses salles couvertes d’une voûte à ogives. Puissante, massive, d’une architectu­re militaire, elle servira bien sûr de prison, notamment après la révocation de l’édit de Nantes (1685) : les femmes qui refusent de se convertir au catholicis­me y sont enfermées. Avant elles, Philippe le Bel y avait fait placer des Templiers. Elle est couronnée par une tourelle qui était jadis dotée d’un phare. Du haut de sa terrasse, face à la mer, un superbe panorama vous attend... D’ici, Saint Louis partit pour les septième et huitième croisades, destinatio­n l’égypte en 1248 et Tunis en 1270 – où il trouvera la mort. Unique porte au sud du royaume, Aigues-mortes devient très vite un port important, où transitent épices, soie, produits de luxe importés d’orient, etc. « En 1278, Philippe III

ordonnera que seul Aigues- Mortes peut recevoir les marchandis­es qui entrent et sortent du royaume par la Méditerran­ée,

explique Patrick Florençon, guide. Et le monopole va continuer jusqu’en 1484. La concurrenc­e de Marseille, devenue française en 1481, sera en effet rude pour Aigues-mortes… » « VAISSEAU DE HAUT BORD ÉCHOUÉ SUR LE SABLE » La création de Sète au xviie siècle portera le coup de grâce aux ambitions portuaires d’aigues- Mortes, qui souffre en plus d’ensablemen­t. Au xixe siècle, la ville des « eaux mortes » (l’origine de son nom) est décrite comme une ville… morte. Les romantique­s adorent ce lieu oublié qui ressemble « à un vaisseau de haut bord échoué sur le sable où l’ont laissée Saint Louis, le temps et la mer » ( Châteaubri­ant). L’impression­niste Frédéric Bazille y peint quelques- unes de ses plus belles toiles. Aujourd’hui, dans cet étrange port de plaisance loin de la mer (à cinq kilomètres à vol d’oiseau), le décor exalte nos envies d’ailleurs. Pour goûter à cette douceur de vivre, rendez-vous à l’ombre des platanes de la place Saint-louis, jadis point de ralliement des croisés. Visites historique­s des tours et remparts par le Centre des monuments nationaux, Logis du Gouverneur, 30220 Aigues-mortes. 8 € en individuel. 04 66 53 61 55. www.aigues-mortes-monument.fr. Renseignem­ents également à l’office de tourisme, place Saint-louis, 30220 Aigues-mortes. 04 66 53 73 00. ot-aiguesmort­es.com.

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La tour de Constance, haute de vingt- deux mètres (trente-trois en comptant la lanterne), surveille le port, la lagune et la cité close depuis 1242.

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