LE PONT DU GARD
C’est un des vestiges romains les plus emblématiques de France. Construit au Ier siècle de notre ère, le célèbre pont du Gard, sur le Gardon, était la pièce maîtresse d’un aqueduc long de cinquante kilomètres. Une prouesse technique doublée d’une oeuvre d
« À SON NIVEAU SUPÉRIEUR, LE PONT VOIT PASSER 35 000 MÈTRES CUBES D’EAU PAR JOUR, SOIT 400 LITRES PAR SECONDE. »
Depuis le Gardon, la vue est inoubliable. Haut de 50 mètres, le pont du Gard enjambe la rivière dans un site sauvage et verdoyant. Long de 360 mètres, cet ouvrage spectaculaire ne constitue qu’une infime partie de l’aqueduc construit par l’empereur romain Claude autour de l’an 50 de notre ère. Il avait pour objectif d’alimenter en eau la colonie de droit latin de Nemausus (Nîmes), alors en pleine expansion. Pour les besoins quotidiens des 20 000 habitants mais aussi pour tous les plaisirs aquatiques : thermes, bains publics, fontaines… Les Romains eurent l’idée de puiser l’eau à Uzès dans les sources de la fontaine d’eure, de l’acheminer via l’aqueduc et la stocker dans un château d’eau à Nîmes.
UN SYMBOLE DE LA PUISSANCE DE LA CIVILISATION ROMAINE
Soit 50 kilomètres de canalisations en pente douce (dénivelé de 12 mètres), le plus souvent enfouies sous terre. Mais il fallait compter avec les caprices de la géologie. La brèche du Gardon en était un. Pour vaincre cet obstacle naturel, les architectes et ingénieurs hydrauliques élevèrent ce superbe ouvrage d’art. Un millier d’hommes aurait travaillé à la construction du pont, laquelle aurait duré seulement cinq années. Il fallut extraire des carrières voisines plus de 50 000 tonnes de pierre calcaire… Symbole de la puissance de la civilisation romaine, le pont-aqueduc (l’eau passe au niveau supérieur) est constitué d’une triple rangée d’arches très élégante : 6 au premier niveau, 11 au deuxième et 47 au troisième. Le pont, à son niveau supérieur, voit passer alors environ 35 000 mètres cubes d’eau par jour, soit 400 litres par seconde. Pour résister aux crues du Gardon, les fondations sont ancrées dans la roche, et des becs
sont installés devant les piles afin de lutter contre la force de l’eau.
UN MIRACULÉ DU TEMPS, ET DES MAUVAIS TRAITEMENTS
Le manque d’entretien, les dépôts de calcaire de la conduite puis la prise de contrôle de la région par les Francs mettent un terme au fonctionnement de l’aqueduc, au vie siècle. Les prélèvements des paysans pour arroser les cultures et l’utilisation des pierres pour la construction ont fini de mettre le pont hors d’usage. Il est ensuite utilisé comme passage pour traverser la rivière et certaines parties sont endommagées afin de faciliter le trafic. Au xviiie siècle, un pont routier est même venu se coller au tablier. Mais l’ouvrage a miraculeusement résisté à deux millénaires : restauré, c’est comme s’il n’avait pas pris une ride. Mérimée, époustouflé, l’a fait classer monument historique en 1840, et il est inscrit au patrimoine mondial de l’unesco en 1985. Les lieux ont depuis été aménagés pour accueillir la foule des visiteurs – un million et demi par an – tout en respectant l’environnement, lui-même classé en site protégé, de toute beauté. ∫