TOUJOURS PLUS HAUT, ENCORE PLUS BEAU
Évoquer les cathédrales, c’est pénétrer de plain-pied dans un univers de défis : architecturaux et artistiques ; financiers et temporels.
Aux cathédrales, l’homme chrétien a assigné une mission essentielle : matérialiser
le devoir de célébration. Plus le souvenir est illustre, plus le monument doit viser la démesure (pour la gloire de Dieu, rien n’est trop beau), répandre le savoir théologique, développer les échanges économiques et, surtout, affirmer la toute-puissance de l’église, des évêques et de la royauté, trio étroitement associé. Dès les premiers tours de roue du xiie siècle, l’austérité de l’église monastique romane cède progressivement la place à un art en gésine, le gothique, qui au fil des siècles deviendra flamboyant. D’immenses nefs de la foi s’élèvent dans les villes. Les procédés architecturaux les plus novateurs, les plus audacieux, permettent à la lumière, manifestation divine, de baigner l’espace intérieur. Au dehors, la statuaire, encyclopédie de pierre apostolique, se fait des plus colorées et des plus expressives, donc proche des mortels ; les vitraux illustrent sans compter dogme et morale bibliques. L’historien médiéviste Georges Duby parlait d’une « pédagogie dont l’édifice est l’instrument ».
C’est parce que « le genre humain n’a rien pensé d’important qu’il ne l’ait écrit en
pierre », ( Victor Hugo, Notre-dame de Paris), que les cathédrales continuent d’aimanter les foules – Notre-dame de Paris voit plus de 13 millions de personnes par an, soit une moyenne annuelle de plus de 30 000 personnes par jour – celle des visiteurs curieux comme celle des croyants et des pèlerins.