AUBRAC
LE VERTIGE HORIZONTAL
À cheval sur les départements de la Lozère, du Cantal et de l’Aveyron, le plateau de l’Aubrac (250000 hectares) tire son nom de l’expression occitane « alto braco », qui signifie fort à propos « lieu élevé ».
Ce plateau se présente comme une gigantesque table basaltique dressée à 1200 mètres d’altitude. Son point culminant est situé au signal de Mailhebiau : 1 470 mètres. Jusque vers l’an 1100, il était recouvert de forêts. Les brigands s’y cachaient et, sans pitié, détroussaient les pèlerins.
La rudesse du climat et l’insécurité de la traversée des lieux conduisirent un certain Adalard, un comte d’origine flamande, à fonder là une abbaye pour protéger les fidèles.
La domerie d’Aubrac, dont la cloche Maria orientait, par temps de brouillard ou de neige, les « vagabonds de Dieu » égarés, fut édifiée par des moines en 1120. On raconte que les religieux pendirent les brigands et défrichèrent le plateau. De l'ancien monastère, il reste quelques vestiges : l’église romane NotreDame-des-Pauvres
(fin xiie siècle), un bâtiment du xve, ainsi qu'une tour carrée construite en 1350 pour repousser les Anglais et aujourd'hui aménagée en un gîte d'étape.
Ces espaces étaient trop élevés en altitude, pour y cultiver rentablement des céréales. Mais l’herbe y poussait merveilleusement bien. C’est ainsi que l’élevage de vaches a commencé et qu’est née la rustique et très résistante race aubrac.
Tapissé de pâturages à perte de vue, le territoire de l’Aubrac est divisé en quelque 300 « montagnes » (lesdits pâturages), issues des grandes exploitations monastiques du xiie siècle. Cette immense et mystérieuse mer sauvage, entrecoupée de murets de pierre, abrite une flore et une faune remarquables. †