CAHORS SAINT-ÉTIENNE SOUS DÔMES
Saint-Étienne de Cahors est l’une des plus hautes cathédrales à file de coupoles de France. Consacré en 1119, cet emblématique édifice fête jusqu'en décembre, en grande pompe, ses 900 ans.
C’était le 27 juillet 1119. Alors que le pape Calixte II passe à Cahors en revenant du Concile de Toulouse, il décide de consacrer le maître-autel de marbre de l’église Saint-Étienne: la cathédrale est née. L'édifice roman, pourtant, est en cours de construction et seul le choeur est en place. Le pape n’a donc pas l’occasion d’admirer les deux coupoles qui font aujourd’hui la renommée du sanctuaire.
RONDEURS BYZANTINES
S’élevant à 32 mètres, ces deux coupoles seraient les plus hautes du monde après celles de… Sainte-Sophie de Constantinople. Rien de moins ! Étonnamment, c’est seulement au xixe siècle que les architectes dégagent et mettent en valeur les coupoles à pendentif à l’extérieur. Avec leur couleur bleu ardoise, elles se détachent dans le paysage cadurcien avec majesté, contrastant de manière superbe avec l’orangé des toits de la ville. Leurs rondeurs byzantines adoucissent harmonieusement l'architecture austère du sanctuaire. En arrivant devant, place Jean-Jacques-Chapou, le visiteur est en effet d’abord intimidé par la façade principale, réalisée au xive siècle dans un style gothique, tout en grès. Ce mur aux allures de forteresse est simplement couronné d'un petit beffroi en brique. En revanche, le portail latéral nord est, lui, particulièrement délicat. Cet ensemble arbore un superbe tympan sculpté, ayant pour thème l’Ascension, qui s'inscrit dans la lignée de ceux de Saint-Sernin à Toulouse, de Conques et de Moissac. À l’intérieur, le visiteur est subjugué par le décor peint, dont de riches vestiges de la fin xiiie et du début xive siècles subsistent sous la coupole et le massif occidentaux. Les peintures murales de la coupole (1316-1324) sont l’un des rares exemples de peinture monumentale gothique visibles aujourd’hui en France et en Europe.
Elles ont pour thème la Lapidation de saint Étienne. La décoration et l'aménagement intérieurs sont repris aux xviie et xviiie siècles dans le cadre du mouvement de la Contre-Réforme : le retable baroque de la chapelle profonde, l'orgue, la tribune des chanoines et la chaire en sont les éléments marquants.
SAINTE COIFFE ET CÉLÉBRATIONS
À droite du choeur, une petite porte ouvre sur le cloître, inachevé, qui fut reconstruit au xvie siècle dans le style gothique flamboyant, au décor foisonnant de feuilles de chou et de chardon, et de scènes « profanes ». Parmi ces dernières, on remarquera sur une pierre de la galerie nord une scène cocasse: un pèlerin de Compostelle, reconnaissable à son chapeau orné d'une coquille, se bagarre avec un marchand. Bordant le cloître, la galerie orientale permet d’accéder à une petite chapelle dédiée à saint Gausbert (fermée, hors des visites guidées), au beau décor Renaissance, qui abrite le Trésor de la cathédrale, dont la pièce maîtresse est la Sainte Coiffe du Christ – l'un des linges mortuaires qui auraient été utilisés lors son ensevelissement. Pour les 900 ans de la cathédrale, la relique est exposée à la ferveur des fidèles jusqu’au 8 décembre. Les célébrations donneront également lieu à une mise en lumière de Saint-Étienne, avec jeux d'images et de sonorisations, du 26 au 28 septembre. Quant au fameux maître-autel consacré par Calixte II en 1119, il a été confisqué par les huguenots et englouti dans les eaux du Lot, à la suite du naufrage de leur embarcation, à la fin du xvie siècle. Des experts tentent aujourd'hui de le localiser. †