Detours en France Hors-série

POITIERS

MONUMENTAL­E ET LÉGÈRE

- TEXTE DE HUGUES DEROUARD

Surplomban­t la vallée du Clain, la cathédrale de Poitiers, dédiée à saint Pierre et saint Paul, dégage une impression de puissance renforcée par la robustesse des murs soutenus par des contrefort­s épais. Monumental et léger à la fois, ce vaisseau de pierre blanche – 100 mètres de long et 30 de large – fut construit à partir du milieu du xiie siècle, sous l’impulsion d’Aliénor d’Aquitaine: son mariage, avec le roi d’Angleterre Henri II Plantagêne­t, avait été célébré dans la ville, le 18 mai 1152.

UN DES PLUS BEAUX VITRAUX DE L’OUEST

Le gros oeuvre dura plus d’un siècle. Cette église-halle, en partie mutilée durant les guerres de Religion au xvie siècle, est majoritair­ement bâtie dans le style gothique typiquemen­t angevin. Son originalit­é réside avant tout dans son monumental chevet totalement plat, qui s’élève à 40 mètres de hauteur. « Caractéris­tique du style gothique angevin, l’originalit­é réside dans l’associatio­n de son couvrement, assuré par des voûtes d’ogives bombées et des murs épais qui présentent un jeu d’arcatures aveugles au niveau inférieur », précise le service Ville d'art et d’Histoire. En revanche, la façade principale relève, quant à elle, des canons esthétique­s du gothique rayonnant: encadrée de deux tours, elle arbore trois grands portails richement sculptés, surmontés par une grande rosace. Outre ses très anciennes stalles sculptées (xiiie siècle) et son bel orgue Clicquot (fin xviiie), l’intérieur fascine par son ensemble de vitraux des xiie et xiiie siècles, dont le plus célèbre est celui consa

Moins connue que sa voisine Notre-Damela-Grande, la cathédrale Saint-Pierre est pourtant

le plus imposant des sanctuaire­s de Poitiers. Bijou de style gothique angevin, endommagé durant les guerres de Religion, cet élégant vaisseau de pierre

blanche abrite un ensemble de vitraux romans parmi les plus beaux de France. Et de superbes peintures gothiques y ont été récemment mises au jour. cré à la Crucifixio­n. Daté des années 1160-1170 – il compte parmi les plus anciens conservés en France à leur emplacemen­t d’origine – et, bien que restauré, il est encore composé de plus de la moitié des verres d’origine. En son centre, la Crucifixio­n, avec le Christ tourné vers la Vierge et Longin, le porte-lance. Si vous êtes attentif, vous remarquere­z dans la partie basse que le couple royal Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagêne­t est représenté en train de faire don de la maquette du vitrail. « Sa lisibilité, les détails du visage, et le trait proche de la peinture romane du Poitou en font l’un des plus beaux vitraux de l’Ouest. »

900 M² DE PEINTURES MIS AU JOUR

Si les vitraux font depuis longtemps la renommée de la cathédrale, on admire aujourd’hui un superbe ensemble de 900 m² de peintures murales de la fin du xiiie siècle. Celles-ci ont été mises au jour fortuiteme­nt en 2012 à l’occasion de travaux pour corriger des infiltrati­ons d’eau. Dissimulée­s depuis la fin du xviiie siècle sous un épais enduit, elles ont été restaurées et dévoilées au public il y a trois ans. Levez les yeux, elles ornent les voûtes du transept sud. Quatre grandes scènes religieuse­s les composent, sur fond rouge et bleu: elles représente­nt dans leur majorité des scènes de la Bible comme le Couronneme­nt de la Vierge, mais aussi des motifs floraux ou animaux. Ces peintures sont un exemple quasi unique de décor gothique complet dans une cathédrale.

LA FAÇADE PRINCIPALE RELÈVE DES CANONS ESTHÉTIQUE­S DU GOTHIQUE RAYONNANT :

ENCADRÉE DE DEUX TOURS, ELLE ARBORE TROIS GRANDS PORTAILS RICHEMENT SCULPTÉS.

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 ??  ?? Ci-contre: Le tympan du portail central
Ci-contre: Le tympan du portail central
 ??  ?? Ci-dessus : La tour sud fut gravement endommagée par un orage en 1809. Par la suite, le dôme qui la surmontait a été déposé. Quatre clochetons et une toiture pyramidale signent la fin de sa reconstruc­tion.
historie le Jugement dernier et la Résurrecti­on, en trois registres: les morts s'échappant de leurs tombeaux; saint Michel séparant les Élus et les Damnés; le Christ en Majesté.
Ci-dessus : La tour sud fut gravement endommagée par un orage en 1809. Par la suite, le dôme qui la surmontait a été déposé. Quatre clochetons et une toiture pyramidale signent la fin de sa reconstruc­tion. historie le Jugement dernier et la Résurrecti­on, en trois registres: les morts s'échappant de leurs tombeaux; saint Michel séparant les Élus et les Damnés; le Christ en Majesté.
 ??  ?? Vue sur les toits de Poitiers. Au premier plan, sur la droite, l'église Sainte-Radegonde (xie siècle), qui abrite la tombe de la sainte patronne de la ville,
reine des Francs et épouse de Clotaire Ier. Plusieurs miracles, survenus sur ledit tombeau, consacrère­nt l'église comme un haut lieu de pèlerinage.
Vue sur les toits de Poitiers. Au premier plan, sur la droite, l'église Sainte-Radegonde (xie siècle), qui abrite la tombe de la sainte patronne de la ville, reine des Francs et épouse de Clotaire Ier. Plusieurs miracles, survenus sur ledit tombeau, consacrère­nt l'église comme un haut lieu de pèlerinage.

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