SAINT-BERTRAND- DE-COMMINGES
LE MONT-SAINT-MICHEL DES TERRES
Perchée au-dessus de la plaine de la Garonne, la cathédrale Sainte-Marie écrase tout.
Le sanctuaire fondé par Bertrand de L’Isle-Jourdain, immense vaisseau romano-gothique, est une présence presque incongrue dans le village pyrénéen.
Le marcheur qui découvre Saint-Bertrandde-Comminges en fin de journée, quand les touristes ont quitté les lieux, pourrait se croire propulsé dans un autre temps. Ce village de 200 âmes, labellisé « Plus Beau de France » et « Grand Site de Midi-Pyrénées », semble figé au Moyen Âge, cerné par ses remparts. Un tableau majestueux qui a pour toile de fond le piémont pyrénéen. Impossible de rester de marbre ! Au sommet d’une colline haute de 500 mètres, la cathédrale Sainte-Marie ressemble à un château fort avec son puissant clocher hourdé comme un donjon. Elle domine la plaine de la Garonne, semblant écraser la cité de tout son poids.
On comprend pourquoi certains en parlent comme du « Mont-Saint-Michel des terres »…
TROIS ÉGLISES EN UNE
Il faut crapahuter à travers les ruelles médiévales pour découvrir l’extraordinaire sanctuaire, composé d'une succession d'édifices. La cathédrale a été bâtie au xiie siècle par l'évêque Bertrand de L’Isle-Jourdain, dans un style roman, avant d’être agrandie et transformée dans un style gothique, au début du xive siècle par un de ses successeurs, Bertrand de Got, futur pape Clément V. La raison ? Il fallait faire face à l'afflux de pèlerins qui
venaient se recueillir sur le tombeau de Bertrand de L’Isle-Jourdain. Canonisé en 1222, celui-ci aurait été à l'origine de nombreux miracles… C'est comme si l'on pénétrait dans trois églises! Il y a la nef de l'édifice roman avec sa voûte de plan carré soutenue par d'imposants piliers. La nef gothique impressionne par sa voûte étoilée, haute de plus de 50 mètres. Le plus beau reste le choeur des chanoines, datant du xvie siècle. Il s'agit d'une véritable église en bois Renaissance avec 66 stalles sur deux niveaux, peuplées de sculptures à l'antique, le jubé, la clôture, le retable du maître-autel et le trône épiscopal.
LE VAGABOND DE DIEU
On remarquera également une statue représentant Benoît-Joseph Labre (17481783), le célèbre « vagabond de Dieu ». Le pèlerin passa sa vie sur les routes. Il a séjourné à Saint-Bertrand et en a profité pour y soigner les malades. Puis il a poursuivi son errance jusqu’à Compostelle… Jouxtant la cathédrale: le cloître construit par Bertrand de L’Isle-Jourdain, dont la vue, époustouflante, donne sur les Pyrénées. Romantique! La galerie occidentale est romane ; les autres sont d'inspiration gothique. Il faut admirer la richesse des chapiteaux qui ornent la galerie, d’une finesse extraordinaire. Le chef-d'oeuvre entre tous reste le pilier dit des Quatre Évangélistes. Sainte-Marie ne doit cependant pas faire oublier un autre joyau. Située en contrebas du village, rive gauche de la Garonne, la basilique romane de Saint-Just de Valcabrère est tout à fait originale, avec ses statuescolonnes qui encadrent le portail, son chevet atypique, ses fragments antiques réemployés. Ces derniers sont issus des ruines de Lugdunum-Convenae, la cité qui a été construite dès le Ier siècle avant notre ère, par les Romains que ce site d'exception avait séduits.