PYRÉNÉES

MERVEILLEUSE VALLÉE D’ASPE

Encore sauvage, la vallée s’étire le long du gave d’Aspe sur près de 40 kilomètres. Elle pénètre profondément dans la chaîne pyrénéenne pour aboutir au col du Somport. C’est le pont d’Escot qui marque l'entrée dans cette vallée qui a, de tout temps, constitué un axe de passage entre le Béarn et l’Aragon. Il faut désormais glisser d’une rive à l’autre, soit par des sentiers de chèvres, soit par des chemins forestiers.

Le GR®653 passe par le village de Sarrance qui a été un haut lieu de pèlerinage au xive siècle. Sa Vierge noire, conservée au musée, fut l’objet d’une importante dévotion. Dans une chapelle de l’église, des panneaux polychromes sculptés racontent la légende de ce visage taillé dans la pierre sombre, de facture étonnamment simple, découverte au bord du gave par un berger et un pêcheur de truites, à la fin du xiie siècle. Les chanoines d’Oloron tentèrent de la placer dans leur cathédrale, mais elle revint à Sarrance où l’on bâtit le sanctuaire… Après le village d’Osseen-Aspe, le marcheur découvre Bedous et ses belles maisons aux linteaux de marbre sculptés.

À présent, voilà Borce, magnifique village médiéval, bien conservé, aux maisons typiquement béarnaises. Le pèlerin quittant Borce va devoir franchir un verrou naturel encadré de hautes falaises, celui du Portalet («petite porte»): le voyageur passa en effet pendant des siècles sous un vrai porche, où étaient perçus les droits de péage. Construit de 1842 à 1870, à une altitude de 794 mètres, le fort du Portalet dresse ses murs austères à 150 mètres au-dessus du gave. Saint-John Perse (soldat Alexis Léger) y fut envoyé en garnison. Léon Blum, Édouard Daladier, le général Gamelin y furent détenus sous Vichy, et le maréchal Pétain à la Libération. Après le fort, le sentier s’envole vers les 1 000 mètres de dénivelé.

Une route en lacets conduit au col du Somport, à 1632 mètres. C'est le point culminant de tous les chemins de Compostelle. La montée est physique mais l’effort est récompensé par la beauté des paysages, une fois aux portes de l’Espagne.

Il reste encore 840 kilomètres jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle ! Le col garde de son hospice Sainte-Christine, fondé au xiie siècle par Gaston IV de Béarn, quelques vestiges de l’église, ainsi que des bâtiments alentour. Bientôt, c'est l'Espagne qui s'annonce. Le Chemin longe les méandres de la rivière Aragon à travers un paysage de toute splendeur. Dans la descente, voici Jaca qui surplombe une vaste plaine. La petite cité, très animée, abrite la cathédrale San Pedro, du xie siècle, qui serait l’un des premiers monuments romans d’Espagne. Un édifice dont l'ampleur étonne toujours.

LA MONTÉE EST PHYSIQUE. MAIS, UNE FOIS AUX PORTES DE L’ESPAGNE, L’EFFORT EST RÉCOMPENSÉ PAR LA BEAUTÉ DES PAYSAGES.

Le 13 juillet, au col de la Pierre-SaintMartin. Les édiles béarnais des vallées de Barétous et ceux espagnols de la vallée de Roncal assistent à la messe de plein air. C'est ce jourlà, que se tient la Junte de Roncal. Cette cérémonie, également appelée Tributo de las Tres Vacas (« tribut des trois vaches »), célèbre le Compromis d'Ansó, un traité datant de 1375 et réglementant les pacages frontaliers.

Paysages montagneux somptueux et traditions pastorales préservées. Bienvenue en Aspe!

Le col du Somport, dans la vallée d'Aspe, est le point culminant des chemins jacquaires: 1632 mètres. Il a toujours été un axe de passage entre Béarn et Aragon.

La retenue d'Anglus. Depuis 1911, un barrage hydroélectrique capte les eaux du gave d'Aspe.