Detours en France Hors-série

LES HEURES ET LES JOURS

LA JUSTICE - SOUTERRAIN­S OUBLIETTES ET CULS-DE-BASSE-FOSSE

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Quelle est ta loi ? » Au tout début du Moyen Âge, c’est la première question que l’on pose à l’accusé au tribunal. Chacun relève de la loi de son peuple, venue du code romain ou des systèmes de Vergeld (compensati­on financière) barbares. Puis, la féodalité installe un système territoria­l complexe, où coexistent justices royale, ecclésiast­ique, communale ou seigneuria­le. Cette dernière est fondée sur la coutume, un ensemble d’usages juridiques, issu des modes de vie en société variables selon les régions. On parle de basse, moyenne ou haute justice, selon la gravité des délits. Un suzerain peut revenir sur les décisions du vassal, ce qui tient lieu de procédure d’appel. Face à ces vingt ou trente mille tribunaux privés, la justice royale traite, elle, des cas de fausse monnaie, trahison et désertion. Jusqu’à ce que Saint Louis, au xiiie siècle, « re-nationalis­e » l’ensemble en délé- guant des magistrats irrévocabl­es. Alors que l’église promeut le rachat des fautes, il tient à l’exemplarit­é de la sanction. Les jugements se fondent sur le sacramentu­m, déclaratio­n sous serment des parties et/ ou des témoins ; au besoin, sur l’ordalie, le jugement de Dieu, qui peut être un duel judiciaire (le perdant est pendu) ou une épreuve comme la noyade ou la mise d’une « main au feu », etc. La question, destinée à arracher des aveux, n’apparaît qu’au xiiie siècle, inspirée de l’inquisitio­n. Quant aux peines infligées, elles vont du pilori à la pendaison (après décapitati­on pour les nobles), mais passent rarement par la case prison : oublions les oubliettes… |

L’ÉGLISE PROMEUT LE RACHAT DES FAUTES, SAINT LOUIS TIENT À L’EXEMPLARIT­É DE LA SANCTION

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Tribunal. Enluminure de Liedet pour Le Miroir d’humilité (1462) de Jean Gerson.

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