ANGOULÊME
SAINT- PIERRE RELIT SON ROMAN
Avec sa nef à file de coupoles, la cathédrale Saint-pierre est typique des églises romanes du sud-ouest de la France. Réalisé entre 1100 et 1130, endommagé durant les guerres de religion, l’édifice sera remanié au xixe siècle par l’architecte du Sacré-coeur de Paris, Paul Abadie.
Au début du xiie siècle, l’évêque d’angoulême, Girard II, décide de construire une nouvelle cathédrale – la quatrième en fait depuis les débuts de la chrétienté. Cet ancien chanoine de Saint-étienne de Périgueux veut faire de « sa » cathédrale l’un des plus fameux édifices de la région. Il a l’idée de recourir, comme à Périgueux, à une nef sous file de coupoles qui donne à l’édifice un air de petite SainteSophie de Constantinople. « Ce n’est pas un style byzantin, contrairement à ce que l’on croit, ou alors très digéré ! L’édifice est surtout caractéristique des grandes églises romanes du sud- ouest du début du xiie siècle avec une nef sous file de coupoles (Périgueux donc, mais aussi Cahors ou Souillac), explique Nathalie Guillaumin, spécialiste du patrimoine local et auteure de plusieurs ouvrages sur Angoulême. C’est l’une des grandes inventions de l’art roman. Un choix esthétique, mais aussi technique, car cela permet de créer un important volume intérieur très unifié et très solide. La coupole était le seul recouvrement de pierre qui permettait, à l’époque, d’obtenir une nef unique de 15 mètres de large, sans collatéraux. » Durant les guerres de religion, la cathédrale à l’exceptionnelle façade
sculptée est gravement endommagée par les armées protestantes. L’édifice sera remanié au xviie siècle avec de nombreuses adjonctions, telles des chapelles sur les murs nord et sud, que l’architecte Paul Abadie (1812-1884) tâchera de gommer lorsqu’il s’empare, en 1866, du grand chantier de restauration de la cathédrale, qui menace ruine.
RETROUVER LA PURETÉ DE L'ART ROMAN
« L’objectif de l’architecte est de retrouver l’unité stylistique romane : il veut supprimer les ajouts qui lui paraissaient incongrus, et, dans une démarche plus rationaliste, cherche à recréer des éléments typiquement romans. Il reconstruit le clocher carré détruit sur cinq étages, crée un pignon triangulaire au-dessus de la façade et ses deux clochetons. Il refait la travée occidentale, différente des autres car elles traduisaient une deuxième campagne, et élève une nouvelle coupole au-dessus de la croisée du transept, qui avait été démolie durant les guerres de religion. » L’architecte, qui avait travaillé avec Viollet-le-duc, fut très critiqué pour son parti pris radical, ses ajouts « orientalisants », et pour sa « mégalomanie », selon les mots de l’époque. « Aujourd’hui, cent cinquante ans plus tard, on aurait évidemment une autre idée de la restauration de cet édifice, mais Paul Abadie n’était pas dans la fantaisie. Son objectif était de retrouver la pureté originelle de l’art roman. » Quelques années plus tard, l’architecte dessinera les plans du Sacré-coeur de Paris, qui peut être interprété comme une synthèse de toutes ses restaurations. Cette église mondialement connue doit ainsi beaucoup à SaintPierre d’angoulême.
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