LE GARDIEN DU RAZ BLANCHARD
Le cap de la Hague, rostre de schiste le plus avancé de la presqu’île du Cotentin, est un pays pour les poètes. Sous l’écorce rugueuse de ses paysages se mussent d’infinis motifs d’émotion. Jacques Prévert, depuis son refuge d’omonville-la-petite, venait se planter au port de Goury, face au phare, histoire de venir « prendre l’air… ». Est-ce en laissant vagabonder son imagination dans les contours du rocher le Gros du Raz, où se dresse le phare du raz Blanchard, qu’il trouva l’inspiration pour l’écriture du poème « Le gardien du phare aime trop les oiseaux »… Haut de 46 mètres, le faisceau de sa lanterne porte jusqu’à 25 kilomètres de distance. Avant sa construction, entre 1834 et 1837, pour la seule année 1823, le cap avait enregistré dans ce secteur 27 naufrages. La fureur des courants agitant le passage de la Déroute est souvent si spectaculaire que les riverains de la côte pensaient que l’ingénieur des Ponts et Chaussées Charles-félix Morice de la Rue ne parviendrait jamais à achever son oeuvre sans que des hommes y perdent la vie. Pas un des ouvriers de l’éprouvant chantier ne manqua à l’appel. Le phare de la Hague (ou de Goury) darda son feu blanc à éclats pour la première fois le 1er novembre 1837.