AU RENDEZ-VOUS DES OISEAUX
L’ÉCOLE DE LA NATURE SAUVAGE
Lorsqu’on traverse les grèves, on est concentré sur l’horizon pour atteindre le Mont. Mais pourquoi ne pas faire halte et contempler la vie animale ? Avec un guide, observons les oiseaux de la baie !
unette sur trépied à l’épaule, en cette matinée de fin d’été, nous accompagnons Patrick Desgué, l’un des onze guides-animateurs de l’association Les chemins de la baie. Au bord de la plage de Genêts, c’est un peu comme si le monde venait à nous : les spatules blanches en provenance de Scandinavie et faisant halte avant de repartir pour l’afrique de l’ouest ; les sternes qui étaient venues passer l’été et qui repartent, elles aussi, vers le sud. Nous ne marcherons guère ce matin : nul besoin d’aller loin puisque la gent ailée vient à nous. À une centaine de mètres, tous ces petits points blancs qui scintillent au bord de l’eau sont des limicoles en quête de leur nourriture. Dans la lunette, les moindres détails du plumage apparaissent : le coloris des pattes, du bec… tous ces détails qui permettent de différencier les espèces.
DE TOUTES LES COULEURS
Arrive le moment où, à force de fixer les petits échassiers, l’oeil commence à pleurer. Alors, comme on éloigne le regard de l’oculaire, on constate que sur les bancs de vase court une crête d’écume, puis une autre et une autre jusqu’à former une succession de vaguelettes. Elles sont hautes de quelques centimètres à peine, mais pour les oiseaux que nous observions, il y a désormais trop d’eau pour trouver leur pitance. Ils décollent dans un ensemble parfait. Le battement rapide des ailes donne des éclats métalliques aux plumages blancs, gris et fauves. Déjà, ils ne forment plus qu’une sorte de nuage courant à l’horizon. Nous nous déplaçons de quelques dizaines de mètres vers un banc plus élevé qui domine un étroit chenal. Nous nous mettons en marche, achevons l’approche à pas comptés, puis tout doucement : c’est le mouvement qui effraye les animaux. Petite taille, poitrine blanche, dos gris perle, ailes noires. Des sternes sans nul doute. Mais quelle espèce ? Voyons leurs becs ; jaune à bout noir ? C’est la sterne naine. Rouge à pointe noire ? C’est la pierregarin. Et les pattes ? jaune pour la naine, rouge pour la pierregarin. Pas facile d’apprécier la couleur des pattes d’oiseaux posés sur le sable. Le bec alors ? Mais l’éclairage ne permet pas d’apprécier la nuance ; il faudrait qu’elles se tournent mais elles ne le font pas. On s’impatienterait presque, comme si, naine ou pierregarin, cela risquait de changer la face du monde. C’est alors qu’un groupe de cavalier surgit du fond de la plage, semant la panique chez les oiseaux qui s’envolent d’un coup. Nous ne saurons jamais si nous avons vu des sternes naines ou des sternes pierregarin. Et cela nous frustre ? C’est que nous sommes en train de devenir ornithologues…