À
Carteret, quelques détails font qu’on se sent déjà un peu dans les îles Anglonormandes. C’est ici un bow-window, là une porte impeccablement laquée de vert sombre, ailleurs un heurtoir de bronze rutilant, et partout un sens du cosy typiquement britannique. Une petite station balnéaire déjà exotique, point de départ d’une navigation que nous n’hésiterons pas à qualifier d’exceptionnelle, qu’il s’agisse de son but, du bateau sur laquelle elle s’effectue, et même des conditions de navigation.
LE GOÛT DE LA RARETÉ
Commençons par là. Carteret est ce qu’on appelle un port à marée, c’est-à-dire qu’on n’y entre et qu’on en sort que lorsque la mer est assez haute pour permettre au bateau de flotter. Passer une journée aux Écréhou ne s’avère donc possible qu’avec des marées hautes le matin et le soir. La navigation dans les îles se prévoit et s’espère, prenant dès lors les dimensions d’une aventure rare. Encore faut-il que la météo s’y prête, car le mouillage de Marmotier, où l’on jette l’ancre, n’est pas du tout abrité du mauvais temps de secteur ouest. Qu’on se rassure cependant : en été, il est rare qu’une sortie aux Écréhou soit annulée. Car le bateau est sûr et son équipage fameux, c’est une goélette du Cotentin. Dans les années 1900, ces trois-mâts