ARGENTONSUR-CREUSE
UN BALCON SUR LA RIVIÈRE
Longtemps étape sur l’axe Paris-espagne, la Venise du Berry, « un peu plus que le bourg, un peu moins que la ville », disait l’écrivain Julien Gracq, est toujours regardée avec bienveillance par les visiteurs. Avec ses maisons à galerie surplombant la Creuse, l’ancienne cité de la chemiserie cultive la douceur de vivre.
Alexandre Dumas père disait à propos de la cité : « Ce bon Berri est de toute la France l’endroit où la simplicité a le plus de caractère, et Argenton est, je crois, la ville la plus simple du Berri. » À lire cela, on pourrait penser la ville ennuyeuse, banale. Si un ciel bas peut faire naître ce sentiment, il faut le dépasser et s’intéresser l’histoire de ce gros bourg de 5 000 habitants, qui s’est développé à deux pas du centre géographique du pays, dans le sud de l’indre. La chance d’argenton, de tout temps, fut sa situation.
LE BOUCHON D’ARGENTON
Les plus de 60 ans s’en souviennent : de Paris à Limoges, la traversée de la ville lors des vacances était un calvaire. Bouchons, moteurs en surchauffe… le flot automobile ininterrompu s’écoulait place de la République et sur le pont Neuf, migration insensée au coeur de la tranquillité berrichonne. Des commerçants en ont profité, comme le café de la Place, arrêt respiration dans l’enfer embouteillé. Des garagistes, aussi. Et des petits malins, comme ce pâtissier qui avait à propos nommé une de ses créations le Bouchon… Avant l’ère automobile, Argenton faisait déjà office de relais de poste, avec auberges, cafés, restaurants. « Nous sommes sur l’axe Paris-espagne depuis toujours », rappelle Gérard Coulon, historien, conservateur en chef honoraire du patrimoine d’argenton. Voyageurs, écrivains, artistes sur la route du Sud… beaucoup se sont arrêtés ici, ou sont supposés l’avoir fait. Dumas père et Julien Gracq, nous l’avons vu. Mais aussi Molière – une maison porte son nom –, la duchesse de Montpensier, Rabelais, l’agronome anglais Arthur Young, Saint-exupéry, Jean Giraudoux et, bien sûr, George Sand. Par leurs écrits et relations, ils ont contribué à la notoriété de la ville. L’écrivain Julien