LA CONGRÉGATION DE JÉSUS-MARIE :
DES SOEURS À L’OEUVRE
Le bâtiment donne sur le parvis derrière la basilique de Fourvière, avec ses cars de touristes, sa sortie du funiculaire, son accordéoniste de rue et sa foule des grands jours. Protégées de cette agitation par une haute double porte en bois, les onze soeurs de la congrégation de Jésus-marie mesurent à chaque instant le privilège de vivre dans cet édifice hors du temps. Le décor? Un vaste jardin potager et fruitier (lieu improbable en pleine ville), une vénérable maison aux vieilles pierres polies par l’usure, des tomettes au sol, des toiles cirées sur les tables, une chapelle… Comme une pause dans la tourmente de la vie.
QUI TIENT LA JEUNESSE, TIENT L’AVENIR La congrégation est une de ces institutions éducatives chrétiennes dont Lyon regorge, aux côtés des maristes, des lazaristes, des frères du Sacrécoeur, des ursulines, des jésuites… Fondée en 1818 par la religieuse lyonnaise Claudine Thévenet – connue sous le nom de mère Marie-saintignace, d’où le terme d’ignaciennes pour désigner les membres – afin de venir en aide aux enfants abandonnés, la congrégation de Jésus-marie a essaimé dans le monde jusqu’à posséder aujourd’hui 569 écoles (dont 2 en France, dans les Vosges) et enseigner à plus de 100 000 élèves. « Nous sommes présents en Inde, au Pakistan, aux Philippines, en Indonésie et même en Syrie. Dans ce dernier pays, notre mission prend une autre dimension, en raison du conflit, et nous aidons la population à se réinsérer, à reconstruire. C’est d’abord une mission humaine, le prosélytisme n’est pas notre vocation », soutient soeur Josiane, directrice du foyer pour étudiantes. Une mission parfois délicate, la congrégation ayant été expulsée de Cuba, d’algérie, de Guinée Équatoriale…: « Nous sommes très connues pour l’éducation que nous donnons. Mais qui tient la jeunesse, tient l’avenir ! Et dans certains pays, ce n’est pas acceptable », éclaire soeur Aurora, la religieuse espagnole responsable de la communauté. 2018, ANNÉE DU BICENTENAIRE Les 1 200 membres de la congrégation sont dirigées par une maison généralice, à Rome. Lyon est le siège de la maison provinciale d’europe (hors Espagne et Irlande) et du Moyen-orient et abrite aussi un foyer pour étudiantes : « Les familles apprécient ; nous sommes un espace de liberté dans un cadre sécurisant », dit soeur Josiane. La congrégation a beau détenir un patrimoine inestimable sur cette colline de Fourvière, elle ne semble pas rouler sur l’or et a dû vendre un bien en ville pour financer des rénovations dans la maison provinciale. S’ajoute une pénurie de vocations. « Notre noviciat est à Madrid… avec deux soeurs seulement. Nous avons un souci de renouvellement et notre salut est de faire appel à des laïques », regrette soeur Aurora. Cette année, la congrégation fête son bicentenaire. En octobre, elle organise à Lyon un symposium sur l’éducation, avec une rencontre internationale de tous ses membres. Car oui, l’institution est versée dans les problèmes de son temps.