LE PAYS SOUS L’ÉCORCE*
Elles sont là. À portée de regard. Trois pépites qui nous lancent de charmeuses oeillades : les îles d’or… Tel Ulysse, faites un beau voyage. Quai des Îles-d’or au Lavandou, embarquez à bord d’une vedette, un de ces matins d’été, lorsque l’air commence à tiédir et que l’odeur des tamaris et des figuiers embaume l’azur marin. L’étrave du bateau fendille, dans un chuintement soyeux, une Méditerranée aux nuances de pierres précieuses. Passage au ras des caps Bénat et de Brégançon. La villégiature républicaine semble assoupie. À bâbord, le Levant et ses calanques secrètes, puis Port-cros et ses maisons alignées qui colorent le fond de l’anse arrondie de ce port creux, avant d’accoster à l’île sous le vent, Porquerolles. « C’est là que j’ai connu l’une des expériences les plus bouleversantes de ma vie. (…) Ici, sous un ciel bleu, dans une mer bleue, (…) je pouvais assister à la véritable vie du monde. » C’est Georges Simenon, qui s’exprime. Au bras de sa femme Tigy, il y débarque dans les années trente. Sa fascination est totale. Entre deux parties de pétanque, Porquerolles devient l’un de ses personnages favoris pour les nouvelles et romans qu’il y écrit avec ardeur. Filez plein nord de l’île jusqu’à la plage Notre-dame, longue étendue convexe de sable fin. Un air de déjà-vu ? Souvenirs… 1965 : Anna Karina, dans une scène désormais mythique de Pierrot le Fou de Jean-luc Godard, psalmodie « mais qu’est-ce j’peux faire, j’sais pas quoi faire », en traînant les pieds dans l’eau… Sale gosse qui ne croque pas à pleines dents les bonheurs de cet éden de nature prodiguant une délicieuse sensation de flotter, de nager, de plonger dans la Grande Bleue… Retour sur la terre ferme. L’arrièrepays de la Provence varoise offre des contrastes terrestres plus tourmentés, mais toujours dans des chatoiements de couleurs et de lumières. Le massif de l’esterel, dans une transparence laiteuse, livre aux morsures du soleil le rouge sang de son porphyre. Par opposition, le vaste massif forestier des Maures, le repaire de Maurin des Maures, entaillé de vallons encaissés, apporte des ondulations vert sombre.
Boussole bloquée sur le septentrion, coupez par la Dracénie, direction les gorges du Verdon. Comme toutes les célébrités, on est persuadé de les connaître jusqu’aux plus intimes détails. Peu d’entre nous, en parfaite honnêteté, peuvent se targuer de saisir les infinies nuances, les secrets du Grand Canyon. Pour Jean Giono, qui aimait y vagabonder en quasi-voisin, « rien n’est plus extraordinaire que le mélange de ces rochers et de ces abîmes, de ces eaux vertes et de ces ombres pourpres, de ce ciel semblable à la mer homérique et de ce vent qui parle avec la voix des dieux morts! » Abonnez-vous à Détours en France sur: www.boutique.detoursenfrance.com, c’est rapide, simple et sécurisé… Plus d’infos sur: www.detoursenfrance.fr