NICOLAS FAURE
PACHA DANS UNE MARINE DE PREMIER RANG
« Par essence, un sous-marin évolue dans un milieu hostile. Ce n’est pas naturel de naviguer sous l’eau dans la durée. » Nicolas Faure, commandant du Casabianca, un sous-marin nucléaire d’attaque, plante le décor. Au sein de la Marine, les hommes (et bientôt les femmes) qui choisissent de faire carrière à bord de cet engin hors du commun occupent une place à part. « Le niveau d’exigence vis-à-vis de l’équipage est très élevé. Mon principal défi est d’arriver à créer l’adhésion de ses membres et à maintenir sa cohésion. » La crise de nerfs d’un de ses hommes? Inenvisageable dans cet espace confiné!
Chaque sous-marin dispose de deux équipages (75 personnes chaque, 27 ans de moyenne d’âge), un bleu et un rouge, avec deux commandants distincts. « Nous partons pour quatre à cinq mois et réalisons une escale tous les 30 à 45 jours », explique Nicolas Faure. Pourquoi choisit-on d’entrer dans les forces sous-marines? « Notre niveau d’autonomie procure une vraie satisfaction », répond celui qui a été affecté à Toulon il y a quatorze ans. « À mon arrivée, j’ai senti que j’appartenais à une Marine de premier rang. En commandant le Casabianca, je vis l’histoire de la Marine à Toulon. Ce sous-marin a réussi à s’échapper lors du sabordage de la flotte en 1942 et a participé à la libération de la Corse », éclaire le jeune pacha (surnom donné au commandant d’un navire de guerre) décoré de la fourragère. Chaque retour dans la rade est d’ailleurs marqué par un rituel. Alignés sur la plage, les membres de l’équipage saluent le monument aux sous-mariniers morts, installé devant la tour Royale. « C’est toujours un moment intense de refaire surface dans la baie, on retrouve nos amers, les forts Saintlouis, Balaguier, l’éguillette, le mont Faron. Bien sûr, il y a surtout la joie de retrouver nos familles après plusieurs mois. »