VINCENT RIGAUD
LA MER, CÔTÉ SCIENCES
Est-ce le regard pétillant derrière les lunettes ou l’enthousiasme à présenter ses engins de recherche océanographique ? Il y a un air de Géo Trouvetou chez Vincent Rigaud, directeur du centre Ifremer Méditerranée basé dans la rade de Toulon, à la Seyne-sur-mer. Le scientifique s’occupe de sous-marins mais pas de ceux qui escortent le Charles-de-gaulle ou font de la dissuasion nucléaire. Non, les siens auscultent le fond des mers, cartographient les reliefs subaquatiques, échantillonnent les eaux et les roches des abysses.
« Notre site est spécialisé dans le développement, l’exploitation et la maintenance des systèmes sous-marins de l’ifremer. L’aventure a commencé dans les années 1960 avec la construction à Toulon du bathyscaphe Archimède, qui réalisa une plongée dans la fosse des Kouriles au Japon, à -9545 mètres. Le sous-marin habité Nautile, mis au point ici, a exploré l’épave du Titanic et découvert des sources hydrothermales dans les profondeurs du Pacifique. » Lors d’une plongée d’essai dans la grande rade de Toulon en 1993, le Nautile a découvert par 90 mètres de fond l’épave de la Lune, un trois-mâts coulé en 1664… Ingénieur offshore spécialisé dans la robotique sous-marine autonome à Paris, Vincent Rigaud s’est vu confier par l’ifremer, dans les années 1990, un laboratoire dédié au sujet à Toulon. L’occasion de constater combien la Marine a irrigué l’économie locale, avec un réseau d’entreprises spécialisées. « Les Toulonnais ont longtemps ignoré la mer: c’était le domaine des militaires. Aujourd’hui, le tourisme maritime et balnéaire se développe. Notre littoral a été préservé par l’armée et par le parc national de
Port-cros. » La mer reste la force de Toulon.