Tous sont investis dans ce terroir à cause de ses traditions paysannes ou de sa dimension culturelle et néorurale. Des valeurs qui présagent d’un futur sensé, où l’humain aurait encore sa place.
MARIANNE LANAVÈRE : L’INTERPRÈTE DE NATURE
Sur le territoire du Parc naturel régional de Millevaches en Limousin, ils cuisinent, élèvent, dirigent, fabriquent, créent…
Par sa formation et sa fonction de directrice du Centre international d’art & du paysage (CIAP), sur l’île de Vassivière, elle a une vision néorurale du plateau et y verrait presque le laboratoire d’une nouvelle société en marche. « Ce qui m’interpelle ici, c’est une forme de ruralité contemporaine. Il y a eu l’histoire avec les maçons de la
Creuse, la Résistance, l’accueil de réfugiés espagnols, maintenant les Syriens. Les néoruraux apportent une pensée, des débats, une animation culturelle. Cela nourrit intellectuellement le territoire. » Elle le nourrit aussi, garante de la vocation du CIAP, dédié à la création. « Mon travail consiste notamment à passer des commandes d’oeuvres en plein air, dans une approche de respect et d’observation du territoire avant l’action. C’est une posture inspirée du paysagiste Gilles Clément. » Le CIAP est issu d’une initiative locale dans les années 1980 autour du land art et de la sculpture sur granit, le matériau local. Soutenue par la DRAC puis la Région Limousin, elle a abouti à la création en 1989 d’un bâtiment pérenne, hôte d’expositions artistiques. « On propose des expositions sur les paysages car nous sommes dans le paysage ! J’essaie de le montrer différemment à travers des artistes dont beaucoup viennent ici s’imprégner des oiseaux, de la nature et de sa protection… »
Ce qu’aime cette Parisienne formée à l’école du Louvre et au Royal College of Arts, à Londres, c’est la sociabilité et la convivialité entre habitants et le mélange des genres entre savoirs anciens et nouvelles pratiques sociales. « Il existe sur le plateau de Millevaches un savoir-faire empirique, avec les sourciers, les herboristes, les magnétiseurs... Beaucoup d’alternatifs s’installent avec des activités en médecine douce, yoga, garages associatifs… Cette économie sociale et solidaire est renforcée par la présence d’actifs en télétravail, designers, graphistes, écrivains… attirés par le faible coût de l’immobilier. Ça matche parfois très bien avec les habitants historiques, comme à Faux-la-montagne. Et de conclure: Pour découvrir le territoire, ses hameaux, ses secrets, sa population rare, il faut du temps. Le plateau de Millevaches ne pourra jamais être un territoire marketable. »
Centre International d’art & du Paysage (CIAP). Île de Vassivière, 87120 Beaumont-du-lac. 05 55 69 27 27. ciapiledevassiviere.com