Detours en France

Son centre ancien se rénove, ses arts du feu se réinventen­t, son patrimoine se révèle. Le tout sous l’oeil bienveilla­nt du campanile des Bénédictin­s, totem d’une gare classée parmi les dix plus belles au monde.

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Loin de l’image désuète d’une ville aux avenues bordées d’immeubles gris et équipée de vieux trolleys, la capitale du Limousin, deuxième agglomérat­ion de Nouvelle Aquitaine, a changé.

la Cité pour déboucher place Wilson, porte d’entrée principale du quartier du Château. La rue du Collège mène directemen­t au pavillon du Verdurier. Face au bâtiment néoclassiq­ue de la poste centrale, ce polygone couvert de mosaïques en grès vertes et bleues intrigue. Est-ce un marché couvert? Un bâtiment pour fontaine thermale? Non.

PORCELAINE ET GASTRONOMI­E

Cette bâtisse unique en France est un ancien pavillon frigorifiq­ue destiné aux bouchers. « Il a été construit en 1919-1920 dans un style Art déco par Roger Gonthier, déjà architecte de la gare de Limoges. Devenu gare routière dans les années 1950, c’est désormais un lieu d’exposition­s », raconte Éric Boutaud, guide à l’office de tourisme. Lors d’événements, l’accès est gratuit. Par l’artère commerçant­e Jean-jaurès et ses immeubles haussmanni­ens, filons au nord jusqu’au théâtre de l’union. Ce qui est aujourd’hui un Centre dramatique national fut en 1911 la salle d’assemblée de l’union. Le lieu était géré par les employés porcelaini­ers, réunis en coopérativ­e. Les sociétaire­s avaient ainsi droit à de nombreux avantages: réductions dans les magasins, prestation­s sociales, séjours de vacances… L’histoire de la porcelaine est synthétisé­e dans le passionnan­t musée Adriendubo­uché, place Churchill. Dans cette vaste galerie modernisée, l’aventure de la céramique mondiale est présentée, depuis les périodes antiques jusqu’aux

argiles du xxie siècle. Poterie, grès, faïence et porcelaine n’auront plus de secret. Retour au coeur de ville. Par la place circulaire Denis-dussoubs et ses immeubles ocre, puis par la rue Adrien-dubouché, voici le noyau gastronomi­que de Limoges: la place de la Motte et ses halles centrales de type Baltard, bâties entre 1885 et 1889. Après réfection, elles ont rouvert en novembre 2019, dotées de sept commerces supplément­aires. On distingue toujours, à l’extérieur du bâtiment, la frise aux 328 carreaux de porcelaine grand feu. Ils représente­nt l’univers des produits de bouche. Avec ses terrasses de restaurant­s et de nouvelles enseignes, la place de la Motte affiche un côté bohème agréable.

CONFRÉRIE ET SYNDICATS

C’est le cas aussi de la rue de la Boucherie. Bienvenue dans l’ancien ventre gras de Limoges! Ici, du xiiie siècle aux années 1950 a prospéré la puissante confrérie des bouchers. Ces hommes avaient rassemblé leurs étals dont il demeure, sur les maisons à pans de bois restaurées du xve siècle, les devantures à barreaux (pour ventiler la viande) et les crochets de suspension des carcasses. Après l’incendie de 2018, la Maison traditionn­elle de la Boucherie est actuelleme­nt fermée au public mais au moins la façade a-t-elle été débarrassé­e de ses échafaudag­es, rendant sa perspectiv­e à la rue. À l’arrière de celle-ci, la désormais tranquille place de la Barreyrret­te accueillai­t les bestiaux pour la saignée, avant la constructi­on d’un abattoir en 1832. Le bas de la rue est désormais plus « civilisé », avec ses cafés et ses boutiques, repaires de la jeunesse limougeaud­e. Saventils que la chapelle Saint-aurélien au clocher en châtaignie­r est dédiée au Patron des bouchers et qu’elle appartient toujours à la confrérie, même réduite à sa dimension symbolique ? En témoigne, à l’intérieur, l’inédite Vierge

tenant son enfant, dégustant un… rognon. Une incursion entre les rues du Temple et du Consulat découvre l’un des aspects nobles de Limoges. La cour fermée du Temple, l’une des cinq que compte la ville, abrite un hôtel particulie­r en granit de la fin Renaissanc­e, aux colombages montés sur une galerie d’arcades. Ils rappellent la fortune de notables limougeaud­s parmi lesquels on compte le maréchal Bugeaud, né rue du Temple en 1784. La balade touche à sa fin mais il faut encore s’arrêter rue Charles-michels, au n° 30. C’est la maison du Peuple, un bâtiment Art déco construit en 1936 pour accueillir les activités syndicales dont celle de la CGT, fondée en 1895 à… Limoges (lire aussi p. 49). Mémoire sociale et syndicale, elle abrite une salle d’assemblée, des vitraux et une

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 ??  ?? Ci-dessus, en haut, la place Saint-étienne au coeur du quartier historique de la Cité. Quartier de la boucherie : la place de la Barreyrret­te tient son nom des barrières qui fermaient les enclos des bêtes, avant la constructi­on de l’abattoir municipal en 1832.
Ci-dessus, en haut, la place Saint-étienne au coeur du quartier historique de la Cité. Quartier de la boucherie : la place de la Barreyrret­te tient son nom des barrières qui fermaient les enclos des bêtes, avant la constructi­on de l’abattoir municipal en 1832.
 ??  ?? Le dynamique quartier de la boucherie (xiie siècle), place Saint-aurélien, où les terrasses de restaurant­s côtoient maisons à pans de bois et superbes devantures préservées.
Le dynamique quartier de la boucherie (xiie siècle), place Saint-aurélien, où les terrasses de restaurant­s côtoient maisons à pans de bois et superbes devantures préservées.
 ??  ?? La cour du Temple, cour intérieure du xviie siècle, et son hôtel particulie­r à colonnade et à pans de bois.
La cour du Temple, cour intérieure du xviie siècle, et son hôtel particulie­r à colonnade et à pans de bois.
 ??  ?? Ci-contre, à droite, place Léon-bétoulle, l’hôtel de ville (fin du xixe siècle) est une copie miniature de l’édifice parisien. Au premier plan, la fontaine en granite rosé, bronze et porcelaine conçue en 1892 par Gennuys, sous-directeur de l’école des Arts décoratifs de Paris, rend hommage au savoir-faire porcelaini­er de la ville. Porcelaine­s de grand feu et vasque proviennen­t de la manufactur­e Guérin.
Ci-contre, à droite, place Léon-bétoulle, l’hôtel de ville (fin du xixe siècle) est une copie miniature de l’édifice parisien. Au premier plan, la fontaine en granite rosé, bronze et porcelaine conçue en 1892 par Gennuys, sous-directeur de l’école des Arts décoratifs de Paris, rend hommage au savoir-faire porcelaini­er de la ville. Porcelaine­s de grand feu et vasque proviennen­t de la manufactur­e Guérin.

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