Detours en France

PIERRES JAUMÂTRES

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Au nord du départemen­t, dans le pays de Boussac, le sommet du mont Barlot déploie d’immenses boules de granit polies par l’érosion. C’est à la fois un terrain d’éducation à la géologie, une balade curieuse et le prétexte à de nombreuses interpréta­tions légendaire­s. Ceux qui connaissen­t le Sidobre dans le Tarn y trouveront le même principe géologique et d’érosion à l’origine de la formation du chaos rocheux des Pierres Jaumâtres, blocs de granit dont George Sand disait qu’ils étaient « les menhirs, les dolmens, les cromlechs des anciens Gaulois, vestiges de temples cyclopéens d’où le culte de la force semblait par principe bannir le culte du beau», (Jeanne, 1844). Elle se « trompait », bien sûr, puisque nul Obélix n’a jamais dressé ces pierres au sommet du mont Barlot. Mais les formes fantasmago­riques polies par le ravinement se prêtent à l’imaginatio­n, en témoignent les noms donnés à ces cailloux par les anciens: les Pains de sucre, la Grenouille, le Berceau du diable, le Veau d’or, la reine des Fades… On rejoint cet amas rocheux par un agréable chemin empierré de sous-bois, bordé de bas murets moussus. Au début du xxe siècle, parce que les pâtures animales avaient défriché cette colline de

Toulx-sainte-croix, les pierres dressées se voyaient de loin. La déprise agricole, en rendant le mont à la végétation, a eu le mérite d’entourer ces blocs d’un halo

SILHOUETTE­S SURNATUREL­LES

Le phénomène géologique s'explique: la roche originelle, fracturée par des diaclases, a laissé l’eau s’infiltrer. Les minéraux les moins solides se sont dissous, laissant apparaître le granit dur. Soumis au ruissellem­ent, celui-ci s’est dégagé, érodé, arrondi, pour finir par livrer ces blocs dans leur belle nudité. Il a fallu des millions d’années pour en arriver là. Les silhouette­s lisses, surnaturel­les et imposantes, se prêtent volontiers à la caresse. L’eau y a creusé des rigoles, des vasques, des chemins de pierre. L’équilibre de certaines paraît improbable, une tempête pourrait-elle les fragiliser? Lorsque l’on s’appelle le Sanctuaire, la Déesse-mère ou le Simulacre de la Divinité, aucune force de la nature ne peut vous ébranler… George Sand, encore : « Quand on se trouve dans une de ces solitudes où semble régner le sauvage génie du passé, cette pensée banale vient à tout le monde: on se croirait ici à deux mille lieues des villes et des sociétés. On pourrait dire aussi qu’on s’y sent à deux mille ans de la vie actuelle… » Vous l’aurez compris, ici, le temps n’a pas de prise.

Creuse Confluence Tourisme

Bureau d’informatio­n de Boussac

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