L’ÉTROIT BELVÉDÈRE ROCHEUX N’A DONNÉ AUCUNE POSSIBILITÉ À LA CITÉ DE S’ÉTENDRE. ON POURRA MUSARDER SUR LA TERRASSE JOUXTANT L’ANCIENNE ÉCOLE PRIMAIRE SUPÉRIEURE, POUR APPRÉCIER LA VUE PLONGEANTE SUR LA VALLÉE.
sa portée est de 83 m –, la Vézère laisse encore derrière elle l’ouvrage suspendu de l’autoroute A20 pour entamer une cavalcade nettement plus périlleuse. De petits seuils en rochers, le lit se creuse et s’accélère. Le canoë devient un art réservé aux initiés, aussi les néophytes sont-ils invités à privilégier la voiture… Mais dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler les gorges de la Vézère, il n’est pas si simple de se rapprocher de l’eau. La rivière préfère entailler des versants que l’homme n’a pas domptés, sauf pour y faire passer le train. À Vigeois, charmant village, un pont médiéval pavé de galets, franchit dans le bourg-bas la rivière sur 45 m de long. Ses puissants avant-becs témoignent de la violence des crues. Celle d’octobre 1960 fit de très gros dégâts. Celle de juillet 2001 fut sévère. Imaginons dans quel état devaient être les gorges à cet instant! Car c’est après Vigeois que le problème se corse. La Vézère s’encaisse plus profondément dans le talweg, creuse son entaille entre des pentes raides et vertes, force le passage à coups de méandres. Un lieu permet d’en rendre compte: le belvédère sur Comborn. Entre la rive gauche abrupte et la droite alluvionnaire, ouverte sur d’étroits espaces agricoles, le château de Comborn est venu se poser. Avec Turenne et Ventadour, il est regardé comme l’une des plus importantes places fortes médiévales de Corrèze. Les exploits guerriers et criminels des seigneurs d’alors renvoient à la beauté brute des gorges de la Vézère. Tout spectacle a une fin et celui-ci s’arrête au pont du Saillant, à Voutezac. La rivière y retrouve un cours apaisé et riant, illustré par ces baigneurs pataugeant en saison à l’aval du pont. Retour sur une terre accommodante, terroir des vins gouleyants de Corrèze ayant obtenu, à force d’efforts, une AOC en 2017.
LE COEUR D'UZERCHE
Nous n’en avons pas fini avec la vallée. Demi-tour vers Uzerche. Stendhal, en 1838, la considérait déjà comme « une des plus pittoresques […] de France et une des plus singulièrement situées ». Singulière, c’est sûr: sa position en vigie sur l’éperon rocheux a toujours rendu difficiles les attaques ennemies. Pittoresque aussi: à la fin du xixe siècle, les travaux de la ligne Uzerche-tulle lui offrent un insolite viaduc ferroviaire. Rendu aujourd’hui à la promenade, ce pont panoramique sectionne la ville en deux, dominant la Vézère, la butte du méandre et le faubourg Sainte-eulalie. Les maisons en bande de ce quartier défient ainsi, telle une première ligne de rugby, l’église Saint-pierre qui leur fait face. On ne se lasse pas des points de vue tournés vers ce tertre central dominé par l’église. Celui depuis le Cheminou, passage-escalier dévalant du quartier de Fargeas, est frontal. Celui depuis l’allée de Pleux, quartier Mazeyrat, est inédit: il regarde la ville