Ô L’OCÉAN !
« Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire! » Vous vous souvenez ? Pierrot le fou, d’un certain Jeanluc Godard, avec une Anna Karina traînant son oisiveté sur les rivages de l’île de Porquerolles. Rassurezmoi! Ne me dites pas que, vous aussi, vous ne savez pas quoi faire pendant vos vacances ! Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais, pour le coup, Détours en France peut sûrement vous aider… C’est entendu : oubliez la tentation de Venise, les châteaux en Espagne, les grands espaces américains, ou la bronzette insulaire dans les Cyclades. Cette année, c’est « Je visite la France ». Des promesses d’échappées belles pour (re)découvrir, se ressourcer, se retrouver.
Dans ce numéro estival, nous vous emmenons pour un beau voyage, au fil d’un des plus riches traits de de la côte Atlantique. Partez de Nantes, « peut-être avec Paris la seule ville de France, où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux […], où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes, d’où peuvent encore me venir des amis… » Une déclaration perlée d’émotion, signée du poète surréaliste André Breton, il n’y a pas loin d’un siècle… Et qui ne se dément toujours pas! Régulièrement en tête des enquêtes où il fait bon vivre en France, Nantes est une sacrée séductrice.
Au bout de son estuaire, la Loire rejoint l’océan, et ouvre la porte d’entrée de la Vendée. « Un jour, je me suis dit: qu’est-ce qu’il y a derrière cette Vendée, dont on parle si mal ? » C’est l’écrivain, critique et historien de l’art, Michel Ragon qui le dit. De son enfance à Fontenay-le-comte, misérable sur un plan matériel, mais heureuse car très libertaire, il conserve des souvenirs immarcescibles. Devenu adulte, il rédige son « Cycle vendéen », une série de romans historiques qui plonge au coeur d’un pays aux secrets bien gardés. Certes, la côte des Lumières déploie d’infinies plages de sable blond et les stations balnéaires garantissent des vacances insouciantes. Mais, au large de celles-ci, bat le coeur d’îles si accueillantes. Yeu, « un grain tombé du rosaire des îles bretonnes » (Jean Yole), est un peu bretonne, mais aussi très méditerranéenne. Bref, une vraie Vendéenne ! Sous sa réserve apparente, sourd un fort tempérament. Noirmoutier, dont l’accès est autorisé lorsque la marée libère la chaussée du Gois.
Depuis La Rochelle, à la vie intime si maritime, l’horizon ouvre les voies de l’archipel charentais. Droit devant, l’île de Ré, qui saura vous surprendre si vous sortez de ses sentiers balisés. À Fouras, à la pointe de la Fumée, embarquez pour l’« îlette » d’aix. Le bonheur que vous y dénicherez est inversement proportionnel à ses dimensions. Et mille surprises encore, que vous ne manquerez de débusquer durant cet été « bleublanc-rouge ».