Dimanche Ouest France (Finistere)

Une manifestat­ion annoncée pour samedi à Brest

Un arrêté a interdit leur manifestat­ion pour « une paix juste au Proche-Orient », hier. Les militants du collectif brestois vont porter plainte et annoncent un nouveau rassemblem­ent samedi prochain.

- Frédérique GUIZIOU.

Un « choc », une « colère noire »

devant un « document éminemment politique, à charge, absolument pas neutre » : voilà ce que disent ressentir les militants du collectif de soutien aux victimes civiles du conflit israélopal­estinien. Constitué, à Brest, à l’initiative de France Palestine Solidarité, ce collectif (1) rassemble une vingtaine d’associatio­ns, partis de gauche et syndicats. Qui « se sent obligé à la solidarité devant la tragédie, la catastroph­e humanitair­e », alors que le conflit armé entre le Hamas et Israël ne faiblit pas. Et qui « revendique également la liberté d’expression et de manifestat­ion pour la Palestine. »

Dans son arrêté du 20 octobre 2023, le préfet Alain Espinasse a en effet justifié, en onze points, les arguments qui l’ont conduit à interdire la manifestat­ion prévue hier. Une décision préfectora­le motivée par « le risque élevé des troubles graves à l‘ordre public dans le contexte du conflit entre le Hamas et Israël ».

Que viennent accentuer « les précédents troubles à l’ordre public commis lors de manifestat­ions placées sous la responsabi­lité de certains des déclarants. »

« Atteinte grave et inacceptab­le »

« Jusqu’à présent, le ton était resté civil, a commenté Claude Léostic, présidente depuis près de vingt ans, de l’Associatio­n France Palestine Solidarité du Finistère-nord. Aujourd’hui, tout a changé : nous considéron­s que nous sommes là devant une atteinte aussi grave qu’inacceptab­le à nos libertés, à notre droit d’expression, collectif et individuel, à notre droit de manifester. »

En réunion hier après-midi dans un local minuscule du port de commerce, surpris par ce « revirement scandaleux », le collectif a expliqué n’avoir pas eu « le temps de réagir ». Via par exemple, un « référé liberté », comme au Havre, à Metz, Rouen, et Montpellie­r, où les manifestat­ions interdites ont finalement été autorisées.

« Le pire serait que cet arrêté du préfet fasse jurisprude­nce, il s’appuie sur un soit-disant déficit des forces de l’ordre pour justifier l’interdicti­on d’une manifestat­ion, a rajouté Rolland de Penanros pour l’Université européenne de la paix.

C’est une notion nouvelle à laquelle il faut s’opposer. »

L’allusion préfectora­le aux heurts entre les forces de l’ordre et une trentaine de manifestan­ts rassemblés place de la Liberté le samedi 12 octobre malgré la première interdicti­on, est considérée par le collectif comme un « mensonge » : « N’ayant pas reçu la nouvelle de l’annulation, certains se sont rendus au rendez-vous, ont réalisé la situation sur place et ont juste discuté quelques minutes avant de s’en aller », a retracé l’Union Pirate.

Mail interne

L’arrêté du Préfet est particuliè­rement détaillé quant à l’attitude reprochée à l’Associatio­n France Palestine, pour avoir, le jour de l’attaque initiale du Hamas, « témoigné d’un soutien sans ambiguïté à ces actions auxquelles ont participé des organisati­ons reconnues comme terroriste­s par l’Union européenne ».

Sa présidente est elle aussi visée : le 10 octobre, elle écrivait, dans un

« mail interne », envoyé aux adhérents de l’AFL inscrits dans la même liste de diffusion, son ressenti face aux drames. Dans ce mail, elle qualifiait les attaques terroriste­s perpétrées par le Hamas « d’actes de résistance qui, même armée, est inscrite dans le droit internatio­nal ». Ses propos ont été retenus par le préfet qui en a déduit que la manifestat­ion visait « à provoquer et légitimer des actions de nature terroriste ».

« De la diffamatio­n pure et simple,

résume Claude Léostic. De plus, depuis des décennies, absolument aucun incident ne s’est produit lors de manifestat­ion de soutien à la Palestine.

Le collectif réitère sa demande de rendez-vous avec le sous-préfet JeanPhilip­pe Setbon. Il compte également porter plainte sur le contenu de l’arrêté du préfet. Et il annonce un nouveau « rassemblem­ent pour une paix juste au Proche-Orient » pour le samedi 28 octobre, à 14 h 30, place de la Liberté, à Brest.

(1) Amnesty internatio­nal, France Palestine solidarité, CGT, LFI, Gauche éco-socialiste, la Ligue des droits de l’Homme, le Nouveau Parti anticapita­liste, le PCF, les Jeune Communiste­s, Solidaires 29, l’Union communiste libertaire, l’Union démocratiq­ue bretonne, l’Union Pirate et l’Université européenne de la paix, le Mouvement de la paix, la Fédération Syndicale Unitaire.

 ?? | PHOTO : OUEST(-FRANCE ?? Les militants du collectif organisate­ur de la manifestat­ion « pour une paix juste au Proche-Orient », interdite hier par arrêté préfectora­l, ont décidé d’organiser un nouveau rassemblem­ent, place de la Liberté, le samedi 28 octobre, à Brest.
| PHOTO : OUEST(-FRANCE Les militants du collectif organisate­ur de la manifestat­ion « pour une paix juste au Proche-Orient », interdite hier par arrêté préfectora­l, ont décidé d’organiser un nouveau rassemblem­ent, place de la Liberté, le samedi 28 octobre, à Brest.

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