Une architecture typique des marais salants

Archi. Le gabarit et la structure en bois de cette maison s’inspirent des constructions du marais de Guérande. Un projet raffiné qui brouille les pistes entre intérieur et extérieur.

2023-11-12 - Anne-Elisabeth BERTUCCI. Photos : Michel OGIER.

Au coeur d’un village préservé du marais de Guérande (Loire-Atlantique), cette maison s’insère dans un patrimoine historique remarquable, les salorges. « Ces longs hangars de stockage du sel se distinguent dans le paysage par leur forme renflée et leur bardage de bois foncé. Le gabarit et la structure de cette maison en bois s’inspirent donc de ces constructions typiques du sud Loire », relève Claire Reiss, de l’agence parisienne SuperTropic.

Mais pas seulement. Les architectes en charge de ce projet ont longtemps vécu au Brésil et restent marqués par une version de l’architecture moderne, explorant la relation entre l’intérieur et extérieur, à l’aune du climat tropical. Certes, Guérande est loin de Rio de Janeiro. Cependant, cette réalisation parvient à synthétiser les influences du modernisme, avec un contexte donné et les souhaits d’écoconception des maîtres d’ouvrage. Cet ensemble singulier produit une maison entièrement ouverte au sud et fermée au nord, caractérisée par une grande façade vitrée de 23 mètres.

Une construction sans béton

Le débord de toiture protège l’intérieur des rayons d’un soleil trop fort en été. Les poutres qui courent de l’intérieur vers l’extérieur accentuent l’effet dedans-dehors, spectaculaire lorsque les baies s’effacent. La construction est posée sur des pieux métalliques qui servent de fondations et favorisent la réversibilité, chose que le béton coulé n’autorise pas. La vaste terrasse en bois se définit comme « une extension de l’espace intérieur, relate Claire Reiss, l’architecte. Le seuil filant et l’ouverture aux deux tiers de la baie vitrée du séjour (dix mètres de long d’ouverture possible) décuplent les sensations d’espace, de lumière et de présence de nature. »

Tout est bois et local dans cette construction : bardage en châtaignier breton, charpente et murs à ossature bois isolés en laine de bois, contreplaqué en bouleau pour les finitions des plafonds… Un mur de refend derrière le poêle a été édifié en terre et roseau.

« L’ensemble du projet a été guidé par une approche respectueuse de l’environnement, alliant trois principes : le local, l’éthique et le durable », précise l’architecte. La partie séjour – cuisine – salle à manger accueille directement le visiteur par une entrée à l’est. Alors que les quatre chambres situées à l’ouest sont desservies par un couloir. Les pièces techniques sont positionnées le long du mur nord, y compris la buanderieatelier, représentant un espace non chauffé de 20 m2. Le sens raffiné du détail et des proportions réinvente ce volume simple. Un exercice d’architecture autour du pavillon minimaliste, en version chaleureuse et écologique.