Dimanche Ouest France (Finistere)
La justice au coeur du nouveau duel Trump-Biden
La Cour suprême examinera le 8 février la question de l’inéligibilité de l’ex-Président à la primaire républicaine, dont il est archi-favori. Sans attendre, Joe Biden est passé à l’offensive.
Trois ans, jour pour jour, après l’assaut du Capitole par ses partisans, qu’il continue de justifier sans preuve au nom du «vol» de la présidentielle de 2020, à huit mois pile d’un probable remake électoral face au président Joe Biden, Donald Trump a lancé hier dans l’Iowa sa campagne de terrain pour l’investiture républicaine.
Le petit État du centre du pays ouvre, chaque année d’élection présidentielle, le bal des primaires, républicaines et démocrates, qui s’étalent dans la cinquantaine de territoires de l’Union, jusqu’en juin. Pour l’Iowa, c’est donc lundi 15 janvier. Donald Trump y est donné archi favori, comme il l’est également pour être in fine le candidat des Républicains à la présidentielle du 5 novembre. Les sondages le créditent de 60 % des voix, loin devant ses principaux rivaux Nikki Haley et Ron DeSantis.
Encore faut-il que le nom de Trump figure sur les bulletins de vote des électeurs républicains… Le suspense plane depuis que le Colorado, puis l’État du Maine, ont annoncé en décembre que l’ancien président était inéligible. Motif ? Le 14e amendement de la Constitution interdit à un individu ayant participé à une « insurrection » d’exercer un mandat public.
Une possible montée de violence ?
Pour suspendre la décision du Colorado et figurer sur les bulletins de la primaire dans cet État en mars, Donald Trump avait saisi la Cour suprême. Or, vendredi, cette dernière a annoncé qu’elle examinerait la question en audience dès le 8 février. C’est peu dire que la décision des neuf juges garants à vie de la Constitution (dont trois nommés par Trump) est attendue. D’autant que des recours similaires en inéligibilité sont dans les tuyaux dans d’autres États.
Pour Donald Trump, une décision favorable de la Cour suprême est cruciale dans sa course à la présidence, bien davantage que les audiences du paquet de tribunaux devant lesquels il est convoqué. Même son procès, qui s’ouvrira le 4 mars devant la justice fédérale, où il risque la prison pour ses tentatives d’inverser le résultat de la présidentielle de 2020, ne l’empêcherait pas de se présenter…
Le 14e amendement, voté après la guerre de Sécession (1861-1865) pour écarter du pouvoir les anciens chefs du Sud esclavagiste peut-il s’appliquer à un candidat à la présidentielle ? Et qui n’a pas (encore ?) été condamné pour insurrection ? Non, répondent les avocats de Trump. La Cour suprême va devoir trancher et sa décision est à très haut risque.
Déclarer Trump inéligible pourrait pousser à nouveau à la violence une partie de ses partisans ; retarder la décision, ce qui suspendrait de fait la décision des États et l’inéligibilité de Trump, pourrait faire monter la tension dans une Amérique aux nerfs déjà à vif.
Par pure coïncidence, l’annonce de la saisine par la Cour suprême, vendredi soir, est d’ailleurs intervenue quelques minutes après un discours de Joe Biden aux accents volontairement dramatiques, prononcé dans un lieu très symbolique, Valley Forge (Pennsylvanie), où George Washington résista aux Anglais pendant la Guerre d’indépendance.
Évoquant longuement l’assaut sur le Capitole, « un jour où nous avons failli perdre l’Amérique », Joe Biden a estimé que « tout l’enjeu de l’élection de 2024 » était « de savoir si la démocratie est toujours la cause sacrée de l’Amérique », face à un Trump et à ses partisans « qui non seulement cautionnent la violence politique mais en rient ».