Dimanche Ouest France (Finistere)

Lily-Belle se fait la belle en écrivant des romans

À 25 ans, Lily-Belle de Chollet, installée à Plobannale­c-Lesconil, vit sa passion en écrivant des romans pour adolescent­s. Rencontre avec une écrivaine qui vit son rêve de petite fille.

- Jean-Marc PINSON.

Ce jour-là, c’est désert à Lesconil, dans le Pays bigouden. Nous sommes loin de l’agitation en ce début février. Sur le port, la boulangeri­e est ouverte mais les cafés ont les yeux clos. Le ciel est de plomb, le fond de l’air est plutôt frais. Même le vent est parti voir d’autres cieux.

Elle arrive d’un pas alerte, manteau noir et jean, gants en laine, les cheveux longs sur ses épaules et un sourire large comme l’horizon.

Lily-Belle, 25 ans, vit ici, dans le Pays bigouden et rayonne de bonheur. Née à Saint-Malo, elle a grandi entre les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine, elle a trouvé son havre au bord de la mer. Tous les matins, quelle que soit la températur­e, elle pique une tête dans l’océan avant de se consacrer à sa passion : l’écriture.

Son roman On dira que je suis toi est encore tout chaud. Il sort de l’imprimerie. L’histoire : deux copines vont être séparées pour aller au lycée. Juliette doit retourner en Bretagne, chez son père qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Elena va en pension en Suisse. Profitant de leur ressemblan­ce, elles vont échanger leurs identités.

« C’est magique »

Elle a déjà publié Les voyages forment la jeunesse, l’histoire d’un road-trip raté d’un groupe d’amis et Soeur aînée, ou comment gâcher une soirée en gardant frère et soeur.

Lily-Belle a toujours été fasciné par les livres. « Quand on est très jeune, on se dit que c’est magique », souritelle. Elle se souvient d’avoir lu dans un journal, à l’âge de 9 ans, qu’un garçon

Finistère en bref

de son âge avait écrit une histoire et qu’il avait été publié. « Ce qui paraissait inaccessib­le devient tout d’un coup possible. »

Elle écrit des histoires à 9, 10 et 11 ans, « des petites pièces de théâtre pour la famille, les amis, j’écrivais à la main, mais je n’allais pas assez vite à mon goût. » À 12 ans, elle écrit son premier roman. « J’avais récupéré un vieil ordinateur, avec un traitement de texte, c’est ce qui comptait ! Je pouvais effacer, faire du copiécollé ! »

À 14 ans, « je partage mon roman sur un forum, une vingtaine de personnes me suivent, chapitre par chapitre. Je trouve ça extraordin­aire. Le livre est un portail. La lecture, c’est comme un film avec des versions différente­s dans chacune des têtes. » Fan du Club des cinq , de Fantômette, des ouvrages qu’elle a conservé, elle se souvient de son livre fétiche : « C’est La bataille de la sardine sacrée, l’histoire d’une petite fille qui possède le don de se transforme­r en chat avec une pierre magique. »

À l’école, Lily-Belle de Chollet, «ce n’est pas un pseudo », dit-elle en levant les yeux au ciel, inscrivait déjà « écrivaine » dans la case correspond­ant à son voeu d’exercer un métier.

Lauréate du concours Find Your Voice, elle a enfin pu se faire éditer l’an dernier. L’éditeur Nathan veille sur son jeune talent. Licence de droit en poche, elle se consacre entièremen­t à son métier depuis un an. Au mois de mai, un autre roman devrait sortir, consacré, cette fois, aux 9-12 ans.

« La petite fille que j’étais »

« Je suis heureuse pour la petite fille que j’étais, écrire est une promesse que je lui ai faite. Oui, c’est un rêve d’enfant, je mesure la chance que j’ai. Au début, on a ce sentiment de fierté, de satisfacti­on, en voyant mes livres dans une libraire je me suis dit “Waouh !” On n’écrit pas dans le vide, on espère trouver une résonance et la meilleure des récompense­s c’est le retour du lecteur. »

En décembre, elle était au salon du livre jeunesse à Montreuil. Un souvenir marquant. « Des gens faisaient la queue ! C’était beau, on se prenait en photo, certains avaient fait des dessins de mes personnage­s. J’en avais les larmes aux yeux. »

Lily-Belle croque la vie à pleines dents. C’est une passionnée, d’écriture et de lecture on l’avait deviné, mais elle adore aussi cuisiner, dessiner, jardiner. Marcher « le long du littoral pour réfléchir seule, être avec moimême. »

Loin d’être une louve solitaire, elle aime le partage. « Le plus beau, c’est de donner envie d’écrire, la fiction peut tellement apporter au quotidien ! Nous sommes tous capables d’écrire quelque chose. »

Lily-Belle de Chollet, On dira que je suis toi. Nathan, 363 pages, 15,95 €.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Lily-Belle, jeune écrivaine, sur une plage du littoral bigouden à deux pas de chez elle.

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