Dimanche Ouest France (Finistere)

L’entreprise bretonne reste solidaire de ses salariés ukrainiens

- Soizic QUÉRO.

Ce jour de mars 2022 reste gravé dans sa mémoire. Après un interminab­le voyage en bus, une vingtaine de familles ukrainienn­es, soit soixante femmes et enfants, avaient posé,

« épuisées », leurs maigres valises, faites à la va-vite à Koziatyn - une ville de 25 000 habitants située au sudouest de Kiev, où la Soka (Société kaolinière armoricain­e) exploite une usine de kaolin avec 70 salariés - à Quessoy, une commune rurale des Côtes-d’Armor où se trouve le siège de l’entreprise.

« Quand les familles sont arrivées, c’est-à-dire les femmes de nos employés avec leurs enfants, elles pensaient rester quinze jours et rentrer chez elles à Pâques, retrace Séverine Dudot, directrice générale de Soka. Qui aurait pu imaginer une troisième année de guerre ? »

Deux ans après, la guerre perdure toujours en Ukraine. Huit familles sont restées (neuf enfants et jeunes et dix adultes), installées entre Saint-Brieuc

et Lamballe. Localement, tout un territoire s’était mobilisé pour accueillir les réfugiés. Des logements mis à dispositio­n dans l’urgence, des dons de vêtements et de meubles, des bénévoles investis qui ont tout fait pour leur faciliter leur intégratio­n… En Ukraine, une usine à 60 % de son activité

« Les entreprise­s ont joué le jeu, relève Séverine Dudot. 80 % des femmes avaient trouvé du travail. Elles ont participé aux frais du logement. Cinq camions d’aide alimentair­e et de matériel avaient été affrétés pour soutenir les salariés ukrainiens. On avait constitué, avec la pharmacie de Quessoy, des sacs à dos de premier secours pour les soldats. » » Depuis, cette dynamique ne s’est pas essoufflée. En décembre 2023,

« nous avons envoyé des groupes électrogèn­es pour l’usine et les habitants ».

« Plusieurs familles sont retournées en Ukraine, la dernière cet été. Un jeune, âgé de 18 ans, n’y repart pas à cause du risque d’enrôlement dans l’armée », glisse Séverine Dudot.

Ici, la vie continue pour les réfugiés. Entre le travail à la Soka (pour trois d’entre eux), dans un cabinet d’architectu­re, dans une biscuiteri­e… et l’école pour les plus jeunes.

Face à la longueur du conflit, il y a

« moins d’optimisme ». À Koziatyn,

« un secteur assez préservé pour l’instant, l’usine fonctionne à 60 % de son activité, en 3 x 8. C’est très compliqué. La guerre a rebattu les cartes des disponibil­ités de minéraux dans le monde. Les difficulté­s logistique­s sont nombreuses dans les ports du sud. On exporte par la Pologne et la Bulgarie. »

Humainemen­t, ce n’est pas facile pour la directrice, qui pilote le site à distance. « Entre les employés de la Soka et les partenaire­s, une quinzaine de personnes ont disparu. Les équipes locales, que des femmes rejoignent, sont très résiliente­s. »

 ?? | PHOTO : SOKA ?? À la Soka basée à Quessoy (Côtesd’Amor), travaillen­t deux Ukrainienn­es, comme Natalia, et un jeune de 18 ans.
| PHOTO : SOKA À la Soka basée à Quessoy (Côtesd’Amor), travaillen­t deux Ukrainienn­es, comme Natalia, et un jeune de 18 ans.

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