Dimanche Ouest France (Morbihan)
Jean-Paul Pierre ne s’attendait pas à un tel succès
L’oenographile, qui habite Séné, contait dans nos colonnes, le 2 janvier, sa passion pour les étiquettes de vin. En trente ans, il en avait collecté 120 000 et en un mois, après l’article, sa collection a triplé.
Jean-Paul Pierre est oenographile et habite Séné. A la suite de la parution d’un article dans le journal (OuestFrance du 2 janvier 2024), ce collectionneur a été contacté par de nombreux lecteurs et, en un mois, sa collection a triplé.
Quelles ont été les suites après la parution de l’article ?
Je ne m’attendais pas à un tel succès ! Quand l’article est paru, j’ai eu de nombreux coups de fil, qui venaient de partout dans le Morbihan : Nivillac, Plouay, Lorient, Vannes, Sainte-Anne-d’Auray et une personne de Saint-Avé qui souhaitait débuter une collection. Je lui donnerai un coup de pouce en lui offrant tous mes doubles.
A Séné, de nombreuses personnes
m’ont découvert à travers cet article, car j’ai toujours fait preuve de discrétion, et me parlent de ma passion.
Vous avez donc rencontré beaucoup de collectionneurs ?
En effet, je suis passé de 120 000 étiquettes à plus de 300 000. J’ai encore deux grands sacs postaux à trier et des cartons. Ceux qui m’ont contacté arrêtaient leur collection. Si je ne prenais pas leurs étiquettes, elles finissaient au feu. Une dame m’a également proposé de me vendre sa collection, or la charte de l’Association nationale d’oenographilie (ANO) interdit toute transaction financière.
Si je pouvais monétiser ma collection avec l’apport des dernières semaines, celle-ci prendrait de la valeur du fait de la rareté de certaines étiquettes reçues.
Avez-vous reçu de vieilles étiquettes ?
J’ai parlé à tous de ma passion, ce qui me permet de voyager. Une femme m’a donné les étiquettes que son mari, imprimeur dans la Région parisienne. Les grands sacs postaux proviennent de ce don. Grâce à elle, j’en ai eu de très vieilles. Elles étaient accompagnées de leurs bons de commande, sur lesquels figuraient la date, le nombre d’exemplaires et le nom de la personne ayant fait l’achat. J’ai pu ainsi dater chaque étiquette, la plus vieille est un « bordeaux vieux », prix d’honneur membre du jury Paris 1889. La plus ancienne que je possédais datait de 1930. J’ai eu une étiquette de « Moulis 43 », année de ma naissance.
A Plouay, j’ai rencontré un homme dont le père et le grand-père faisaient du cidre. Lui-même a continué en y rajoutant le vin. A Sainte-Anne, j’ai récolté 12 albums remplis avec des
étiquettes de whisky, de cognac, de rhum, de cointreau, de grand marnier… Toutes très anciennes.
Cela vous prend du temps ?
Depuis l’article, je suis contraint de trier jusqu’à 1 h du matin. C’est un travail important mais avec un plaisir certain. Je continue ma collection qui a triplé en volume. Jusqu’à présent, l’oenographilie occupait une grande partie de mon salon et de mon temps. Avec ce que je viens de recevoir, je vais être encore occupé longtemps. Heureusement que je suis à la retraite et que le temps pluvieux n’est pas propice au jardinage.
Et maintenant…
Un magazine destiné aux métiers de la vigne m’a contacté pour écrire un article sur ma passion. J’ai aussi été interviewé par France Bleu Breizh Izel. La radio m’a contacté après avoir lu l’article.
Mes collègues de l’ANO sont très contents, car je vais avoir la possibilité d’étoffer leurs collections en leur donnant les doubles que j’ai reçus. Ils ont hâte de me rencontrer pour enrichir leur collection avec des exemplaires rares du fait de leur âge.
Le 23 et 24 mars 2024, je vais à Amboise (Indre-et-Loire) pour rencontrer les membres de l’association. Je participerai au congrès à La Villeaux-Dames, près de Tours, les 22 et 23 juin. Tous les ans, l’association réunit environ 200 membres qui viennent de toute la France et même de Belgique.
Je m’inquiète de l’avenir de ma collection. J’espère que mes filles ou mes gendres la continueront ou la donneront. Ce serait dommage qu’elle termine à la poubelle. L’idéal serait de rencontrer un collectionneur proche de Séné. Cela permettait de s’aider dans les opérations de tri et de partager notre passion.