Dimanche Ouest France (Morbihan)
Sur les traces des passionnés de pistage à Évellys
Le stress de la compétition est aussi intense que la confiance entre l’homme et son chien. Ce weekend, la commune reçoit la coupe et le championnat de France 2024 de pistage français.
Ciel gris presque brumeux ce samedi matin16 mars à Évellys. Il est 8 h 30, il ne pleut pas, le soleil s’est levé il y a une heure et en bord de champ des dizaines de passionnés forment une ligne tournée vers la prairie. C’est là que se déroule le « chien blanc », une sorte de répétition qui va permettre aux traceurs et aux juges de reconnaître le tracé sur lequel ils vont devoir travailler ensuite.
Pistolet, angle aigu
Car ce week-end, Évellys est le théâtre d’un concours national de pistage canin. Vingt équipes de maîtres et de chiens sélectionnées s’affrontent. Chaque duo passe d’une part une épreuve de pistage libre, dans laquelle le chien doit retrouver un objet et le rapporter. Et d’autre part, une de trait où le chien est tenu en longe par son maître. Dans les deux cas, gare à la fausse piste qui ruine les chances de victoire. Un objet mâchouillé tout comme un angle mal marqué sont également synonymes de points en moins.
Si les candidats sont stressés à quelques minutes du top ? Assurément, « d’autant qu’il y a deux classements, celui de cette coupe, avec les résultats du week-end, et celui du championnat », de France toutes compétitions cumulées, indique Jean-Bernard Moings, président de la Commission d’utilisation nationale chiens de berger et de garde. En haut d’une butte de deux trois mètres, le public se masse pour scruter – parfois aux jumelles – les premiers passages d’épreuve libre. Les premiers à s’élancer sont Pascal Hureau, de Plescop, et son berger australien de 8 ans et demi, Largo Winch. Un tir retentit, « un pistolet d’alarme pour voir si le chien est trouillard », souligne Roland Tanguy, président de Flair et crocs, club canin de SaintGonnery. Largo ne bronche pas et s’élance doucement.
Les commentaires fusent depuis les hauteurs : « Largo n’est pas rapide mais précis. » Tout d’un coup, le chien change de trajectoire, puis
reprend sa piste après avoir réalisé un angle aigu. Le berger part en ligne droite, suit la bordure de terrain. «Il prend de l’assurance, il accélère »,
glisse l’un. « Il piste la tête haute, non?» demande un autre, tandis que le chien replonge la truffe vers le terrain. Il débusque l’objet caché et le ramène parfaitement.
« On connaît son chien, on lui fait confiance »
Sandrine Fruch, la compagne de Pascal Hureau, est aux anges. « C’était un très beau parcours. Largo avait belle allure, décrit celle qui a d’ailleurs rencontré son compagnon grâce au sport canin. Même
qu’avant, Pascal entraînait Largo et je le conduisais. » Quelques minutes après son passage, Pascal Hureau est aussi soulagé qu’heureux. «On stresse toujours un peu mais, à force, on connaît son chien, on lui fait confiance. C’était un beau parcours, je suis très content, surtout quand on passe en premier. » Largo, lui, reste sage. « Il n’est pas démonstratif. Cela va avec sa concentration. »
Pascal Hureau va pouvoir savourer sa belle performance, mais pas trop longtemps : il est aussi le cuisinier de l’événement et ce jour-là, il a 700 repas à préparer.