Dimanche Ouest France (Morbihan)
Jean-Claude, bénévole au club de foot depuis 43 ans
Ils jouent collectif. Trésorier du Ploërmel Football-club (PFC), Jean-Claude Éon est connu et reconnu de tous. Il a aussi été président de l’association, qui regroupe 600 licenciés, durant neuf ans.
Marie-Paule Éon ouvre la porte de sa maison à Ploërmel: « Jean-Claude n’est pas bien loin, il est dans son bureau, occupé à faire divers papiers pour le Ploërmel Footballclub. Un engagement qui l’occupe deux à trois heures par jour. Et encore, il a levé le pied. » (Elle rit.)
L’actuel trésorier du club aux 600 licenciés, dont une centaine de féminines, fait partie des 80 bénévoles qui gèrent la partie sportive, pendant que 25 autres, dont Marie-Paule Éon, s’affairent au sein du club des supporters. Émergeant de sa pièce, le sourire accroché au visage, il s’approche de son épouse, un brin chambreur : « Qu’est-ce que tu racontes encore sur moi ? Bon, je dois reconnaître que je suis assez pointilleux. Mes priorités sont réservées à mon activité bénévole ; je mets à jour au fur et à mesure, pas de place au retard. »
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« C’est une chance »
La complicité du couple est évidente. Il va d’ailleurs fêter ses 50 ans de mariage le 14 avril 2024. Ils ont deux enfants, Jean-Philippe et Marina, et quatre petits-enfants. Pour le septuagénaire, il est évident qu’il n’aurait pas pu consacrer 43 ans de sa vie en tant que bénévole pour sa passion, « si ma femme n’aimait pas autant le foot. Elle m’a plusieurs fois encouragé dans mes différentes fonctions au sein du club. C’est une chance, je crois que j’ai choisi la bonne personne » rigolet-il, tout en regardant affectueusement son épouse.
Comme beaucoup, il a plongé dans le bénévolat alors que son fils, enfant, a pratiqué ce sport. Après avoir été responsable de l’école de foot, il s’occupera des jeunes de 14 à 17 ans. Il a également été président du club durant 9 ans, dont 4 ans en coprésidence avec Vincent Thomas.
« Jean-Claude incarne, à lui seul, une collection de valeurs indispensables à notre club. Il est discret, compétent, fidèle, plein de bon sens… Un sage. Pour les personnes qui le côtoient, il peut être un ami, un père, un copain, un confident ; il est vraiment très précieux pour nous tous », confie Vincent Thomas, qui s’occupe toujours des destinées du club, en duo avec Fabrice Lerat. Ce dernier ajoute : « C’est un passionné indispensable, incontournable, en plus d’être une personne très attachante. »
« Je t’ai poussé »
Son secret pour une telle longévité de bénévole ? « J’aime le contact, les gens, discuter, voir du monde. Grâce au bénévolat, on peut être connu et reconnu, même si ce n’est pas un fin en soi. Il faut s’occuper des autres, c’est très riche. Et à mon âge, cela permet de rester jeune. »
Pourtant, en 2018, alors coprésident, il a voulu passer le relais, raccrocher. À l’époque, il confiait : « Il est temps que je pense à ma famille. Il faut que je me préserve aussi. » Fabrice Lerat est trésorier à l’époque. « Je lui ai demandé de prendre la présidence. Sa réponse a été : je veux bien mais à condition que tu prennes le poste de trésorier. »
« Il m’a fallu un temps de réflexion », se remémore Jean-Claude Éon. « Tu n’étais vraiment pas très chaud au début. Je t’ai même un peu poussé pour que tu acceptes. Je ne le voyais pas sans occupation. S’investir pour ce club, c’est vraiment sa place. Je ne sais pas si je suis objective, mais il est parfait dans ce rôle, car il est à l’écoute et diplomate », intervient son épouse. « Avec du recul, tu as eu raison, je n’aurais pas pu m’arrêter. Une vie sans le bénévolat aurait été impossible », admet l’homme.
Drôle de match entre père et fils
La seule chose qu’il n’aime pas, c’est le conflit. Aussi, il reconnaît que la gestion d’un club est plus compliquée aujourd’hui. « J’ai parfois été obligé de recadrer des éducateurs de jeunes, mais aussi des parents qui en veulent toujours plus. Une exigence qui peut user nos encadrants. Pourtant,
il existe une charte au sein du club, mais les gens oublient. Alors, il faut discuter, échanger pour stabiliser les choses. »
Jérôme Maret, coordinateur salarié du club et entraîneur général, apprécie l’investissement de Jean-Claude Éon. « Je le vois tous les jours, c’est un bonheur. Son bénévolat représente un mi-temps. Grâce à lui, notre club progresse. Il sait transmettre son expérience ; cela n’a pas de prix. Il est tellement proche des personnes », glisse le coordinateur.
Le septuagénaire a su transmettre le sens du bénévolat à Jean-Philippe, son fils, « Il a cela dans les gènes puisqu’il est coprésident du club de foot de Séné. »
Aussi, l’histoire peut parfois être drôle car les équipes 1 seniors de Ploërmel et de Séné évoluent au même niveau, en régional. Encore plus cocasse, elles sont en opposition ce dimanche 17 mars 2024, à Séné. « Je n’aime pas faire de la peine à mes enfants. Mais le club du trésorier que je suis va battre celui où mon fils est coprésident. J’espère qu’il ne m’en voudra pas de trop ! »