Dimanche Ouest France (Vendee)

Le moulin de Brissac gagne le jackpot au loto du patrimoine

- Laurent BEAUVALLET.

Philippe Cauwel a empoché 25 € en grattant un ticket de loto et il le garde comme un talisman. Mais le président de l’associatio­n des « Amis du moulin de Brissac » (Maine- et- Loire) a surtout gagné le gros lot au tirage : un chèque de 330 000 € remis par la Française des jeux dans le cadre de la Mission du patrimoine de Stéphane Bern.

Perché à 20 minutes au sud- est d’Angers, le moulin dont il est propriétai­re va être entièremen­t restauré grâce à cette manne providenti­elle. Elle est complétée par les économies personnell­es du couple et d’autres subvention­s de la Direction régionale des affaires culturelle­s ( Drac), de la Région, du Départemen­t et de la Fondation du patrimoine, en plus d’une part issue du mécénat d’entreprise.

Hucherolle et massereau

« Ce chèque, c’est une chance unique pour rénover ce moulin, qui est le totem d’entrée de la ville. C’est le dernier d’une série de douze, le plus beau, le plus ancien (1580) et le dernier à s’arrêter de tourner, en 1949 », énumère Philippe Cauwel.

Ce samedi, il accueille, avec sa femme Martine, toutes celles et ceux qui les ont aidés à concrétise­r leur projet fou : rénover entièremen­t le bâtiment, « emblématiq­ue des paysages de l’Anjou, du monde rural et d’un savoir-faire historique ».

Pratiqueme­nt 900 000 € seront

nécessaire­s pour revoir les ailes du moulin tourner et produire de la farine.

Les visites en petits groupes se succèdent au sein de l’édifice, soutenu par un échafaudag­e en attendant sa restaurati­on. La trace des meuniers qui se sont relayés est visible ; ici, des cordes ont strié le tuffeau, là, d’énormes meules qui concassaie­nt le grain défient le poids des siècles.

« Le moulin est composé d’un entraîneme­nt mécanique, avec une cabine qui se trouve tout en haut, une

hucherolle en bois qui tourne au vent. Dessous, se trouve le massereau en pierre. Les meules se mettent alors en activité, tout en dessous (par l’intermédia­ire de différents­mécanismes en bois ou en fer) », résume Jean Moreau, délégué thématique pour les moulins à la Fondation du patrimoine.

Ce bâtiment, inscrit depuis novembre à l’inventaire supplément­aire des monuments historique­s, est labellisé, ce qui lui permet d’obtenir des aides.

C’est un moulin cavier – l’un des deux derniers exemplaire­s en Anjou, qui en comptait 650 en 1809 : « Tout le mécanisme demeule se trouve dans la cave », éclaire Philippe Cauwel.

Le 7 novembre, ce sera le coup d’envoi des travaux, réalisés par des artisans spécialisé­s duMaine- et- Loire, dont un « amoulajeur », joli mot pour désigner un spécialist­e de la charpente et des mécanismes des moulins.

La partie supérieure en bois, qui pèse plusieurs tonnes, sera retirée à l’aide d’une grue. Et dans deux ans, si tout va bien, les ailes tourneront à nouveau.

« Quand on parle de patrimoine, l’amoureux de rugby que je suis pense aux stades. Je suis très attaché à celui de Colombes (Hauts- de- Seine), qui me rappelle mon père. J’ai aussi traversé la France pour aller voir le stade Geoffroy- Guichard ( Saint- Étienne, Loire), comme certains traversent la France pour aller voir NotreDame. Vivre une victoire ou une défaite dans un bâtiment comme ça, ça change tout. »

Yves CAMDEBORDE.

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Philippe Cauwel, le propriétai­re avec sa femme Martine du moulin du Pavé, dit de Brissac, devant son entrée protégée par des échafaudag­es.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Philippe Cauwel, le propriétai­re avec sa femme Martine du moulin du Pavé, dit de Brissac, devant son entrée protégée par des échafaudag­es.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France