Dimanche Ouest France (Vendee)
Qui était Sébastien Luneau, bienfaiteur vendéen ?
Sébastien Luneau aoeuvré toute sa vie pour la France. La Vendée et Bouin n’ont pas été oubliées par ce personnage hors du commun. Un hommage lui est rendu ce week- end dans lamairie bouinaise.
« De toute évidence, Sébastien Luneau est un personnage qui a beaucoup compté pour Bouin et la Vendée », explique Thomas Gisbert, maire bouinais, intarissable sur cet être d’exception.
Sébastien Luneau est né à Bouin en 1800. Il y décédera le 21 mars 1880. Il est issu d’une riche famille. Son père Jean- Baptiste, républicain convaincu, est chirurgien dans l’armée de l’Ouest. Sa mère Marie Magdelaine Mechin de la Chillais est à la tête d’une grande fortune composée en grande partie de terrains et bâtiments, principalement sur l’île de Bouin. Le père est nommé maire provisoire de Bouin de 1799 à 1800, puis élu premier magistrat de 1809 à 1815. Sébastien Luneau est le dernier enfant, après deux filles.
Une formation d’avocat
Sébastien Luneau reçoit de son père une éducation très moderne. Ce dernier cherche à lui inculquer les principes de 1789. Il reçoit malgré tout une éducation religieuse, le spectre des guerres de Vendée est encore proche. Après des études à Nantes, il se dirige vers Paris pour y étudier le droit. « Issu d’une famille de juristes et d’hommes de droit, il épouse la profession d’avocat et s’installe aux Sables- d’Olonne, y associant son neveu, futur maire des Sablesd’Olonne », précise Thomas Gisbert.
Homme vif, de réseau, très attentif à l’actualité, il s’attache aux valeurs sociales. Son désaccord avec les idées conservatrices de Charles X le pousse à se présenter aux élections législatives, bien qu’il doive attendre l’âge légal, alors fixé à 31 ans.
Sébastien Luneau est élu pour la première fois en 1831. Il siège aux côtés des libéraux et fait adopter dès son installation une réduction considérable sur le traitement des hauts dignitaires ecclésiastiques. « Il demanda également que la loi sur le cumul fût appliquée aux maréchaux de France, qui, par suite de fonctions civiles ou militaires, se trouveraient cumuler deux traitements sur le budget de l’État », poursuit le maire de Bouin.
Malgré la dissolution de la Chambre des députés prononcée par le roi Louis- Philippe en 1834, pour réduire l’opposition républicaine, Sébastien Luneau est réélu. Il se prononce alors contre les lois dites de septembre, envisageant de nouvelles cours d’assises et interdisant les articles de presse critiquant le gouvernement.
En 1836, il est élu conseiller général du canton de Beauvoir- sur- Mer. L’année suivante il sera porté à la présidence du conseil général de la Vendée, poste qu’il occupera jusqu’en 1848.
Au gré de plusieurs dissolutions de la Chambre des députés, il est toujours réélu, emmené notamment par Adolphe Thiers. Il a l’honneur d’être élu secrétaire de l’assemblée en 1842. Opposant farouche à la royauté, Sébastien Luneau participe activement au rétablissement de la IIe République proclamée par Alphonse de Lamartine, ce qui lui vaut la nomination de commissaire du gouvernement provisoire en Vendée puis sous- préfet.
En 1851, à la suite du coup d’État au cours duquel Louis Napoléon Bonaparte, président de la République, dissout l’Assemblée Nationale, Sébastien Luneau échoue à sa réélection face à l’écrasante victoire des bonapartistes.
Son intérêt pour Bouin
À 50 ans, sans enfant, il se retire à Bouin où il s’est fait construire une belle résidence dans l’enclos familial de la Madeleine. Conseiller municipal, il accompagne son beau- frère, François Touzeau, maire dont il a contribué à l’élection. Propriétaire foncier le plus important de la commune, Sébastien Luneau est tout naturellement élu président du Syndicat des marais.
Avec l’ingénieur parisien Achille Le Clerc, il veillera au bon entretien d’un territoire dont la poldérisation s’intensifie. Cemême Le Clerc seramaire de Bouin de 1869 à 1910 et le deuxième Bouinais à accéder à la fonction de président du conseil général de la Vendée.
En 1874, il publie le premier ouvrage sur l’histoire de l’île de Bouin : Documents sur l’île de Bouin.
Il lègue ses biens
Sans descendance, Sébastien Luneau anticipe sa disparition. Il rédige un testament généreux pour les Vendéennes et les Vendéens.
Il fait don de sa fortune à la commune pour l’hospice de Bouin, et en grande partie au département de la Vendée en décidant que les revenus annuels d’un capital constitué seraient répartis entre les institutrices et les instituteurs laïcs du département. Ce legs Luneau sera respecté de 1887 à 1939 (lire ci- dessous).
« On a souvent dépeint Sébastien Luneau comme anticlérical. Imprégné des idées des Lumières, républicain laïque, sentant la mort venir, il demande à recevoir la visite du curé de Bouin qui lui donne l’extrême- onction », précise Thomas Gisbert.
Il fait partie des souscripteurs pour la création d’une école laïque de garçons à Bouin en 1833. Il contribuera à la création du pont du Frêne, désenclavant l’île de Bouin et du tracé de la route de Nantes à La Barre- deMonts, « la première de toutes les routes exécutées dans cette partie du marais », insiste Thomas Gisbert.
Les Bouinais lui doivent également la reconstruction de la flèche de l’église servant de point d’amer, l’important boulevard de ceinture du bourg. Le pavage et la couverture de macadam des rues jusqu’alors dans un état déplorable, la construction des halles, la route du Marais- Salé à l’Époids, l’escalier en granit de la mairie, la salle d’asile qui deviendra ensuite l’école maternelle publique, la réfection et l’amélioration de l’hôpital de Bouin lui doivent aussi beaucoup.