Dimanche Ouest France (Vendee)
La Seine se révèle à vélo et en train
De Paris au Havre ( Seine- Maritime), suivre lesméandres du fleuve pendant trois jours est une paisible aventure à portée des cyclotouristes novices.
Près de 400 km séparent Paris du Havre en longeant la Seine. Pour les parcourir en trois jours, le train se révèle un précieux allié. Le rendez-vous est pris à 9 h à la gare de Rueil- Malmaison, où deux vélos à assistance électrique attendent d’être enfourchés. Excitation et appréhension se mêlent. « Tout se passera bien », rassure le loueur de Dolce Via. Face aux aléas d’un itinéraire inconnu, garder son calme et le sourire est la meilleure attitude à adopter pour toujours retomber sur ses pédales.
De Renoir àMonet
Tout commence sur l’île des impressionnistes à Chatou, où le peintre Renoir a immortalisé le balcon de la Maison fournaise ( Le déjeuner des canotiers). La guinguette n’existe plus mais l’ambiance XIXe siècle persiste, ainsi que les multiples reflets sur la Seine. « Ils attiraient les peintres et leurs chevalets », relate Émilie Rochat, de la communauté d’agglomération SaintGermain Boucles de Seine. Aujourd’hui, ces reflets accompagnent les cyclistes sur les rives, jusqu’à ConflansSainte- Honorine, où il est possible de rejoindre Vernon- Giverny en train (Transilien J puis TER). À Giverny, la maison de Claude Monet accueille « jusqu’à 3 000 visiteurs par jour », précise Sabrina Siarri, de la Fondation du peintre. La foule présente n’empêche pas l’émotion face au « vrai » jardin d’eau et ses nymphéas peints par l’artiste dans 250 tableaux.
Industriel et bucolique
Après une nuit à Vernon pour recharger les batteries, un TER permet de rejoindre Rouen. Objectif de la journée: prèsde80kmjusqu’àCaudebecen- Caux. À partir de là, la Seine dévoile sa facette industrielle. « Le fleuve s’élargit pour permettre aux cargos de faire demi-tour, explique un cycliste sportif enclin aux bavardages. Mais quand vous aurez pris le bac pour La Bouille, le paysage va changer. » Le village, typique et fleuri, marque le début de la route des vergers, le long des méandres du fleuve. L’été, les arbres arborent leurs fruits gorgés de sucre. À Jumièges, l’itinéraire se sépare en deux. D’un côté Deauville, de l’autre Le Havre.
Plus que 79 km…
Aux aurores, une voie verte mène très vite de Caudebec à Villequier, où de belles villas bordent le fleuve, dont celle de la famille Vacquerie (musée VictorHugo). C’est à cet endroit que Léopoldine, la fille de l’écrivain, s’est noyée à 19 ans avec son mari Charles Vacquerie. Les premiers vers de Demain dès l’aube s’invitent subrepticement dans la balade qui continue en ligne droite entre fleuve et champs. Le sentiment d’être seul au monde dure jusqu’à Petiville. Ensuite, le parcours s’éloigne de la Seine, se rapproche des falaises et cohabite avec des voitures, mais la traversée d’Harfleur offre une dernière jolie surprise. La cité médiévale mérite bien une photo avant d’atteindre Le Havre… qui se visite aussi à vélo.